Les Chants de Loss, le Jeu de Rôle
Le monde aux deux soleilsLes Vertus des lossyans

Les Vertus

Les lossyans ne considèrent en général que trois éléments constitutif du monde, et trois vertus : La Terre qui est l’Honneur, le Feu qui est le Courage, et l’Eau qui est la Sagesse. Il reste une vertu, perdue depuis longtemps, comme son élément, l’Air : la Foi. L’air est partout, mais invisible, il n’est plus considéré comme un élément, sauf pour les alchimistes. Quant à la Foi, nous allons y revenir à la fin de ce chapitre.

Selon les peuples, il y a quatre, voire cinq éléments ou plus, y compris le bois, le métal, ou encore le vide. Mais cette approche des Trois Vertus est ancienne, bien antérieur à l’Eglise. Le respect lossyan des Trois Vertus est si fort qu’il surpasse les règles religieuses et est intégré dans toutes les coutumes et lois. Il définit la notion d’humanité. Etre privé ou dépourvu d’une de ces trois Vertus, c’est être plus animal qu’humain et surtout ne plus pouvoir prétendre aux droits universels aux lossyans. Même les peuples les plus exotiques ou barbares respectent ces principes, partout autour des Mers de la Séparation et on ne connait aucun peuple qui n’adhère pas à ces principes.

Nous allons décrire en détail ces Vertus, le ciment social et moral des lossyans.

1- L’Honneur, la Terre

La Terre est la stabilité, la droiture, l’assurance, la source de la naissance et du foyer. Elle est l’Honneur : l’Honneur est le fait d’agir en priorité en vertu de ses convictions, en lien avec les principes partagés par son groupe, son peuple, les croyants de sa religion. L’Honneur est un code de conduite qui est partagé par la communauté : on le gagne par des actes admirés par la collectivité, on le perd par des humiliations que les siens réprouvent. Des trois vertus, l’Honneur est la plus visible, et la plus publique, elle ne peut être cachée ou secrète.

L’honneur est ce  qui définit un lossyan socialement. Sans honneur, il n’a plus de parole et ne peut être considéré de confiance ou fiable : c’est un infâme, un vil. On ne le soutiendra plus et il sera honni, méprisé, et rejeté des siens, jusqu’à l’ostracisme et au mépris.

L’honneur étant une vertu sociale et publique, elle dépend de la culture d’origine du personnage, mais les principes suivant sont considérés par tous comme Honorables :

  • La parole donnée ne se reprend pas : jurer, promettre, ou passer un marché ne se défait pas sans accord de la personne concernée. Trahir un serment ou un marché est une terrible offense pour un lossyan.
  • Ne servir qu’un maitre : un lossyan n’accepte qu’une seule allégeance à la fois. S’il sert un seigneur, un patron, ou un protégé, il n’a plus d’autre allégeance que celle-ci et il ne la trahira jamais. Trahir son allégeance est une offense impardonnable pour un lossyan.
  • Assumer ses actes, endosser sa responsabilité : commettre une erreur, un délit, un crime, est de la seule responsabilité du fautif, y compris par négligence ou imprudence, même s’il est la victime. La responsabilité individuelle passe avant les règles, les lois et les décrets. Ainsi on ne plaint guère quelqu’un sur Loss de devoir payer les conséquences de ses actes. Nier sa responsabilité, voire pire encore, mentir ou tenter de tricher pour rejeter la faute sur autrui est un déshonneur.
  • Souffrir sans se plaindre, mourir sans supplier : en être capable est grandement respecté par les lossyans, qui mépriseront facilement ceux qui larmoient et supplient, d’autant plus si ces derniers sont des combattants.
  • Ouvrir sa porte à l’étranger, respecter la maison de l’hôte : respecter les codes et les principes de l’hospitalité. Les lossyans partagent toujours la soupe, un coin de feu et une paillasse pour le voyageur. Celui-ci sera d’autant plus honoré si en échange, il rend service, ou laisse un présent, même symbolique, pour ses hôtes. Ne pas ouvrir sa porte à un voyageur est très mal vu, même si dans les lieux les plus reculés ou encore en temps de guerre, c’est une règle peu respectée.
  • Ne pas laisser une offense impunie : la notion d’offense dépend de la susceptibilité de la victime et de la gravité du crime. Les lossyans peuvent très bien s’insulter comme des charretiers ou s’arnaquer mutuellement sans en prendre ombrage, alors que d’autres prendront comme offense un regard trop insistant. Mais quand un lossyan subit une offense, il doit la faire payer, surtout si elle eut lieu en public. Un homme peut très vite perdre la face à ne pas répondre à une offense, d’autant plus qu’elle est grave et connue. Il est rare que la réparation débouche sur la mort, mais cela arrive.
  • Respecter la vie, d’autant plus qu’elle est jeune : les lossyans n’aiment guère tuer et s’ils peuvent régler le problème autrement, ils vont préférer trouver une alternative, y compris les travaux forcés et l’asservissement. Les massacres gratuits, tortures et crimes sadiques sont mal vus. Et plus particulièrement, les lossyans considèrent les enfants sacrés : s’attaquer à des enfants ou les tuer est absolument impardonnable.
  • Obéir à l’Eglise du Concile et à ses Ordinatorii : même si c’est très loin d’être une constante, la majorité des lossyans sont superstitieusement respectueux de l’Eglise du Concile, et de ses représentants, les Ordinatorii. Même si c’est dans les faits très largement contredit, tout lossyan considère honorable de respecter un Ordinatori. L’idée qu’on puisse les agresser est effrayante pour la plupart des lossyans.

2- Le Courage, le Feu

Le feu est l’énergie, la vivacité, la force et la renaissance ; c’est le Courage. Le Courage est le fait de surmonter sa peur pour faire face au danger. Le Courage nécessite la peur, car c’est d’elle que nait la vertu de Courage, au contraire de l’audace ou de la témérité, qui sont dictés par le désir, l’envie, l’orgueil ou le manque d’instinct de survie. Le courage ne se devine pas aisément car il faut une situation de danger et la nécessité déterminée de surmonter la peur, pour voir apparaitre le Courage.

Le Courage est une vertu très respectée des lossyans. Il est honorable pour eux de faire front au danger quand c’est nécessaire, et faire preuve de lâcheté est le signe d’une faiblesse impardonnable. Quelques points de la notion de Courage sont universels sur Loss :

  • Ne pas craindre la mort : c’est une constante de la mentalité lossyanne : la mort vient pour tous, et la craindre, supplier, et se plaindre est une preuve de lâcheté devant l’ultime épreuve de tout être vivant. Pour autant, tous les lossyans feront de leur mieux pour rester en vie. Aller au devant de la mort est pour eux un gâchis et, dans certains cas, un ultime déshonneur. Le suicide, sauf pour un mourant ou une personne totalement déshonorée et rejetée par tous, parait inexplicable.
  • Etre stoïque face à la souffrance : les lossyans trouvent lâche de supplier et se plaindre de leurs souffrances. Les larmes comme expression des émotions sont tout à fait naturelles pour eux et il y en a même qui regarderaient étrangement un homme qui ne verserait pas de larmes à la mort d’un proche ou à des retrouvailles émouvantes. Mais il faut se montrer stoïque devant la douleur et démontrer qu’on a le courage de l’endosser sans se plaindre.
  • Affronter l’ennemi : un lossyan ne fuit pas en lâchant ses armes sur le champ de bataille. C’est une démonstration de faiblesse impardonnable. Les lossyans font tout pour ne pas fuir ou se rendre sans avoir combattu jusqu’au bout. Mais ils savent faire retraite et se rendre si la situation est désespérée ou que la défaite est évidente. Face avec un homme menaçant, un lossyan fera front sans reculer. Il ne laissera pas non plus une victime se faire molester sans intervenir.
  • Explorer des voies nouvelles : les lossyans sont superstitieux ; de plus les Dogmes du Concile considèrent hérétiques certains domaines de recherche, comme l’étude des Artefacts et des Anciens. Il est pourtant vertueux pour un lossyan d’aller explorer l’inconnu. La curiosité et la soif de découverte sont importants, même si cela veut dire défier l’Eglise.
  • Faire face au danger pour les autres : les lossyans font de leur mieux pour se porter au secours des leurs en danger, dans la mesure de leurs moyens, mais tenteront quoi qu’il arrive d’intervenir et de prêter main-forte. Face aux périls du monde dangereux et cruel qu’est Loss, le courage est de prendre aussi le risque de tendre la main, et d’offrir son aide, même à son ennemi.
  • Tuer quand il faut tuer, épargner quand on le peut : le courage c’est aussi de choisir quand donner la mort, ou pas. Il est dit qu’il est parfois plus courageux d’épargner un ennemi que de l’achever. De même, donner la mort est un acte de charité qui doit être assumé : si un être est en proie à la plus grande détresse, physique, ou morale, le lossyan considèrera que l’acte le plus charitable sera de lui donner la mort.

3- La Sagesse, l’Eau

L’eau est le calme, le mouvement incoercible qui contourne tous les obstacles, le miroir qui reflète le soi, la profondeur des abîmes, la sérénité de la force qui prends son temps pour abattre les plus solides fondations. Elle est la  Sagesse. La Sagesse est le fait de se conformer à une éthique, souvent commune à sa communauté, qui allie la conscience de soit et des autres à la tempérance, la prudence réfléchie, la sincérité et le discernement, afin de fonder un jugement basé sur une vision éclairé et raisonné des choses. C’est une vertu qui s’identifie vite, malgré le fait qu’elle reste intime à celui qui en fait usage.

L’homme sans sagesse est impulsif, sanguin et colérique, il est irréfléchi, et doit endosser plus que tout autre les conséquences de ses décisions malavisées. Les lossyans n’auront que peu de pitié à le traiter de sot, et ne lui accorderont aucun crédit. Voici les quelques points universels de la sagesse vue par les lossyans :

  • Réfléchir avant d’agir : le lossyan sage se remarque par sa capacité à temporiser ses actes afin d’en peser les conséquences et anticiper celles-ci. Ce qui est aussi la qualité d’un homme rusé ou d’un stratège, qui doit décider de ses choix et réfléchir d’avance aux conséquences qui en découleront.
  • Ecouter avant de parler : un homme sage sera bien avisé d’écouter son interlocuteur afin d’en apprendre plus sur ses réelles intentions ou la situation. C’est une qualité importante pour les plus sagaces des hommes politiques, mais aussi pour les plus prudents et malins des esclaves.
  • Choisir ses mots, car les mots sont le pouvoir : les lossyans ont coutume de dire qu’une flèche peut percer un cœur, mais qu’un discours peut en toucher mille. L’art de discourir et maitriser la rhétorique peut changer le destin d’une cité, et un homme sage sera avisé de savoir choisir ses mots et être prudent de leur usage. Les lossyans respectent beaucoup l’art du discours, et ont tous conscience de son pouvoir.
  • Enseigner et transmettre : la sagesse est aussi de donner aux autres de quoi apprendre. L’homme sage transmet son savoir et sa vision éclairée du monde. Les Lossyans disent de la sagesse qu’elle est le seul trésor dont la valeur grandit d’autant qu’il est distribué.
  • Rester l’esprit ouvert : L’homme sage apprends toujours, y compris les idées novatrices, pour peu qu’elles soient d’apparence raisonnables. Un homme sage sait qu’il y a toujours à apprendre des autres, que ce soit de leurs réussites ou de leurs échecs. Un homme sage est donc toujours porté à écouter les idées nouvelles.
  • Ne jamais rien croire acquis : Le dernier principe de la sagesse est de ne pas rester convaincu de ses connaissances et avis. Un homme sage admet de se remettre en question afin d’être toujours amené à réfléchir et remettre en doute ses propres acquis. C’est un trait dangereux et qu’un homme d’autant plus avisé usera avec discernement et discrétion. Car remettre en doute les choses peut amener à remettre en doute les Préceptes Sacrés de l’Eglise du Concile.

4- La Vertu Perdue

Avant le Long-Hiver, il y avait donc quatre éléments, et quatre Vertus. Et la quatrième, perdue désormais, était l’Air : la Foi. Pour les lossyans, il n’y a désormais que trois éléments, car l’air ne compte pas, puisqu’il ne se voit pas ; il est un peu comme le vide, le néant, quelque chose sans masse qui n’a pas d’effets sur le monde réel. Quant à la foi, il n’y a la fidélité et l’obéissance en l’Eglise du Concile.

La Foi telle que définie ci-dessous est donc très rare. C’est la vertu des chamans, des Chanteurs de Loss et de très rares peuples spiritualistes. Même les Dragensmanns ou les Forestiers ne s’intéressent en général pas à cette notion et s’ils en savent l’existence, ne lui accordent aucune valeur, c’est ce qui la rends si spécifique et étrange pour tous les lossyans.

L’Air, la Foi :

L’air est l’immatériel et l’intangible, il ne se voit pas, mais se ressent. Il ne peut être touché mais affecte tout. Il se répand partout, invisible mais présent en toute chose. Il est la Foi : la Foi est le concept de confiance en ce qui n’a pas d’existence vérifiable par les sens, l’expérience ou la preuve matérielle. Pour les lossyans, il est honorable de faire confiance et de donner sa confiance. Mais pour qui connait la Foi, elle est au-delà de toutes les vertus, elle est la confiance absolue et aveugle. Elle est le sacrifice et la dévotion et finalement, elle touche du doigt aux essences mêmes de la spiritualité et du don de soi. Elle est l’Amour inconditionnel.

C’est une Vertu incompréhensible pour la plupart des lossyans. L’idée que la confiance, le sacrifice, l’amour, dépassent les vertus et se change en don absolu de soit leur est étrangère et même hérétique vis-à-vis de concepts ou divinités immatériels. Cependant, pour certains peuples, comme les Dragensmanns, les Erebs ou les San’eshe, le concept ne les surprend pas, de la part de leurs prêtres, chamans, et ascètes les plus dévoués.

Voici quelques-uns des principes généraux de la Foi :

  • Donner sans attendre à recevoir : la Foi n’attends pas de récompense. Celui qui suit cette vertu ne peut concevoir l’idée de demander que lui soient rendus les fruits de sa dévotion, de son amour et de ses actes de foi. Si, bien sûr, il peut souhaiter attirer la considération de l’objet de sa ferveur, il n’attend pas que celui-ci le gratifie en retour.
  • Aimer sans compter : Il n’y a ni limite ni de décompte aux actes de dévotion et d’amour que le lossyan est capable de faire envers l’objet de sa Foi. Il aime et vénère sincèrement et sans le moindre doute. Le lossyan ne regardera pas quel prix il paye pour aimer et vénérer.
  • Faire une confiance aveugle : tout ce qui vient de l’objet de sa Foi ne peut être remis en doute, quel que soient ses commandements, ses actes, ses intentions. Le lossyan suivant cette Vertu ne pourrait imaginer douter de l’objet de son amour inconditionnel et ne pourra réaliser aisément si celui-ci lui ment, le trompe, ou agit contre son bien.
  • Accepter de tout risquer : Les risques à prendre pour servir, rejoindre, retrouver, l’objet de sa Foi ne comptent pas. Tout ce qui est matériel ne pèse pas lourd face à la dévotion. Le lossyan suivant la Vertu de l’Air peut faire preuve d’un courage et d’une témérité au-delà de toute raison, pour le bénéfice de l’objet de sa Foi.
  • Considérer les choses comme absolues : tout comme un lossyan ne pourrait remettre en doute sa foi et sa dévotion, celle-ci ne se mesure pas, et est sans limites. Cette ferveur dépasse le monde matériel et survit à la mort. Celui qui croit si puissamment n’a ni peur de la souffrance, ni du doute. Le message de la Foi, ses commandements, ses conseils, sa sagesse ou sa folie sont absolus et vains sont les efforts à faire changer d’avis celui qui aime avec tant de dévotion.
  • Exposer sincèrement sa foi : celui qui aime et vénère ne le cache pas, sauf si les circonstances l’exigent. Il lui parait évident que sa Foi coule de source et il la défendra et la déclamera sincèrement en refusant de se répudier, quel qu’en soit le prix, car ce serait la trahison de sa propre âme.

5- Trois vertus, trois éléments, trois forces

Les trois vertus forment pour les lossyans l’ensemble des constituants de l’être, puisqu’ils sont aussi des éléments ; nous avons donc un premier triptyque: la Terre, le Feu et l’Eau qui forment un second tryptique en tant que vertus : l’Honneur, le Courage, la Sagesse. Mais pour les philosophes lossyans, il y en a un troisième, qui englobe donc ainsi l’entièreté de la construction du monde : La Voix, le Corps, l’Esprit.

  • L’Honneur est une vertu sociale, et la Terre est donc à la source de l’Honneur, et la représente. C’est la Voix.
  • Le Courage nait de la décision d’agir, l’action est le Feu, le Feu est ce qui anime alors le mouvement. C’est le Corps.
  • Enfin, la Sagesse est une vertu spirituelle, la raison nait de l’écoulement du temps, la tempérance de la faculté à laisser le mouvement suivre son cours comme le fait l’Eau. C’est l’Esprit.

L’Air, L’entité du Chant de Loss :

L’Air est associé à la Foi, et au dernier composant du monde : le Chant de Loss.

Avant l’avènement du Concile, le Chant de Loss, désormais considéré comme l’expression d’un pouvoir démoniaque et visant à asservir l’Homme, était un des éléments constitutifs du réel, une idée désormais impensable et hérétique pour l’Eglise.

Le Chant de Loss symbolisait l’énergie primordiale ; ce qui anime toute chose et le détruit, le souffle d’énergie sans lequel il n’y a que le néant. Le Chant de Loss serait, selon cette philosophie toujours connue et partagée par les chamans, l’expression de ce pouvoir qui donne mouvement et existence à toute chose.

 

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