Les Chants de Loss, le Jeu de Rôle
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folklores & quotidien des lossyans part 2 sur 3

(suite direct de l’article : folklores & quotidien des lossyans part 1 sur 3 . On y parle des Femmes d’Épée, du genre et de l’homosexualité, et enfin de la justice et des lois dans Loss)

Les Femmes d’Epée

Chez les lossyans, surtout au sein de la culture générale concilienne, on aura compris que chacun doit garder sa place, aussi injuste soit-elle. Mais aussi que ce qui identifie les individus est une norme sociale selon le regard des lossyans, dominée et motivée par les Vertus et jamais un ordre naturel qui aurait pour excuse des lois biologiques. Pas de dérive social du darwinisme ni de « loi naturelle immuable » chez les lossyans. Même si ces considérations n’intéressent finalement que les débats de leurs philosophes.

Aussi quand un individu ne peut s’adapter à la place qui lui est dévolue, les lossyans se demandent alors comment lui trouver une, et finalement, celle-ci finit par se créer et être admise si cette place est considérée par tous, utile et respectée.

C’est le tout premier cas, celui des Femmes d’Epée. Incapables d’accepter la place qui leur est dévolue dans la société, les Femmes d’Epée défendent leur honneur elle-même et tiennent tête aux hommes y compris par la voie des armes si besoin. Elles sont officiers militaire, aventurières, capitaines-pirate, chef d’entreprise ou maitresse de confrérie d’artisan, voire simplement des femmes du petit peuple ayant appris à se défendre sans hommes ; mais elles ont toutes pour point commun qu’elles refusent de revenir en arrière sur leur décision d’être totalement autonome quant à leur place dans la société lossyanne. Ce sont, pour l’imager, de véritables féministes dans un monde sexiste.

Et on les respecte de l’être, aussi paradoxal que ce soit ! Les femmes d’épée sont reconnues et traités avec égard, même si elles ne sont pas toujours appréciées et qu’on s’en méfie en règle général. Elles ne sont pas considérées comme « femmes » de manière ordinaire, mais tenant une place et un rôle social bien spécifique, au sein d’une sorte de communauté informelle de femmes souvent perçues comme caractérielles, belliqueuses, soupe-au-lait, un peu dérangées, voire perdues, mais dont la valeur ne peut être niée. Parce que c’est une place sociale bien particulière, une Femme d’Epée perd ce titre quand elle est mariée, bien que ce ne soit pas systématique. Mais on considère que dès qu’elle prend époux, et donc foyer et famille, elle revient vers la place traditionnelle dévolue aux femmes. Même si elle reste une femme qui a défié les traditions et les lois.

Une Femme d’Epée est admise et respectée partout, même avec les membres les plus intégristes de la société Concilienne. Elle est souvent armée, bien que cela ne soit pas nécessaire, et si elle peut faire appel à un Champion, peut défendre son honneur seule, arme à la main, sans que personne ne puisse rien y redire. Elle est reconnue comme ayant les mêmes droits sur ses affaires, ses biens et ses propriétés qu’un homme selon les lois. La seule chose interdite en quelque manière que ce soit pour une Femme d’Epée est d’être une représentante du pouvoir exécutif ou législatif d’une cité. Une Femme d’Epée ne peut jamais être chef de village, diriger la garde d’une cité, ou siéger comme tribun. A noter que même Femme d’Epée, certaines libertés de mœurs ou vestimentaires des hommes ne leurs sont pas permises. Une femme d’épée court vêtue, à demi-nue, ou ivre-morte risque très gros.

Il n’est guère facile pour une jeune fille d’être admise et acceptée comme Femme d’Epée. Le fait est que seules celles ayant eu opportunité d’avoir des talents et des compétences d’armes, ou faire preuve d’une grande malice pour s’assurer d’autres formes d’appuis sans y perdre d’autonomie, pourront parvenir à tenir tête au système patriarcal des lossyans, et être admis Femmes d’Epées. Cela ne va pas sans drames, y compris mortels, ni sans ruptures familiales et ce n’est jamais une décision qui se déroule sans heurts ni dégâts. Une solution est souvent de demander l’appui et la protection d’une autre Femme d’Epée. Mais ces dernières ne seront jamais tendres avec qui veut le devenir, et une jeune fille tentant de gagner ainsi sa liberté, sera traité sans aucune pitié ou égards pour la mériter.

Sexualités, questions de genres et place dans la société

L’homosexualité et les problèmes de genre existent dans Loss. Ça, c’est bel et bien un souci de nature biologique et inhérent aux humains, les lossyans n’y échappent pas. Mais contrairement à ce que l’on pourrait penser, ça n’est pas du tout une problématique aussi dramatique qu’elle l’est pour les humains du 21ème siècle.

Là encore les lossyans n’ont pas pratiqué le rejet et l’exclusion, c’est bien plus compliqué que cela. L’explication par l’exemple sera plus parlante que d’aborder toute la problématique : que faire quand un officier militaire, courageux et honorable, tenant son rang et sa position, s’avère préférer les hommes ? Le fait qu’il soit homosexuel doit-il supplanter les vertus dont il fait preuve et qui sont reconnues par tous ? Pour un lossyan, la réponse est fondamentalement : non. Ce serait renier sa valeur et son humanité, selon la définition lossyanne de celle-ci. Ce qui par contre pose nettement plus de problème au même lossyan, c’est si la sexualité de cet individu vient à mettre en péril son rang et sa fonction.

Bref… il ne faut pas que cela se voit. Entendons-nous bien, tout le monde peut le savoir ! Les gens risquant de le savoir tôt ou tard, les lossyans préfèrent parfois que cela se sache quand ils le souhaitent. Mais cela ne doit pas être affiché en quelque manière que ce soit, publiquement. Ne pas respecter cette règle contraignante serait considéré comme un déshonneur, et parfois même un délit qui peut mener à de sévères condamnations. L’Eglise autant que la loi publique réprouve officiellement les relations homosexuelles et parfois même condamne cruellement des personnes prises sur le fait. Mais l’Eglise est mal placée pour donner des leçons : au sein de ses légions, ces relations sont assez courantes.

Malgré tout, vivre sereinement son homosexualité est ardu dans une société patriarcale qui exige qu’hommes et femmes accomplissent les devoirs de leur place, comme enfanter. C’est même plus difficile et injuste encore pour les femmes, comme on peut l’imaginer. Pourtant, les drames sont assez rares. Malgré qu’on considère quelque peu perdu l’individu qui refuse de jouer son rôle au sein de la famille à cause de sa sexualité, et que les concernés tendent le plus souvent à le cacher, il n’est pas si rare que la famille l’admette. Elle imposera alors quelques contraintes, comme exiger d’une femme qu’elle enfante au moins une fois, quitte, dans les cultures où cela est possible, à ce qu’elle rompe son mariage par la suite. Pareillement, un homme devra malgré son homosexualité s’astreindre à trouver épouse et fonder une famille. Mais il n’est pas rare non plus que soit admis l’adoption à la place de l’enfantement –nous avons vu plus haut que l’adoption dans la tradition lossyanne est quelque chose assez commun et ouvert- afin de compense le refus de procréer.

Il y a peu de crimes homophobes dans les cultures lossyannes. Mais il ne faut pas se leurrer, ils existent, et peuvent être fort violent et meurtriers. Cependant, même si la considération publique envers les homosexuels n’est guère flatteuse, on n’encouragera jamais qui que ce soit à de telles manifestations de son homophobie, et autant que l’homosexuel qui affiche publiquement sa sexualité, l’homophobe qui affiche sa haine des gays sera facilement déshonoré aux yeux des lossyans.

A noter qu’il existe un terme lossyan pour parler des homosexuels, de manière générique, dérivé du dialecte Teranchen où ils sont notoirement bien acceptés : on les y nomme localement les Kaenogillys (un mot qui se traduirait littéralement par « ceux qui aiment eux-mêmes », et le terme répandu est « Gillys » (« ceux qui aiment »)

Les soucis de genre existent autant que les problèmes de sexualité sur Loss. Et si c’est pour tout le monde très compliqué, il s’avère que là aussi, la société concilienne –mais pas qu’elle, les autres cultures locales ont la plupart du temps eut des réflexes similaires- a fini non seulement par leur faire une place au sein de la société, mais qui plus est, trouver certaines solutions à ces problématiques. Ce qui ne veut pas dire que cela se fait sans heurts et drames, bien entendu.

Le gydreïs :

Avant d’aborder plus en détail ce groupe social que les lossyans surnomment les Courtisans, nous allons d’abord parler de la solution au problème des transgenres que nous citons plus haut. Et celle-ci est un type de symbiote, au départ né des recherches de physiciens concernant le contrôle de la fertilité féminine. Parmi les symbiotes nés de ces recherches en est apparu un qui altérait si efficacement le système hormonal humain qu’il parvenait à en modifier complètement tous les caractères sexuels secondaires. Nommé le Gydreïs, il est désormais utilisé par les personnes souffrant transgenres pour parvenir à donner à leur organisme le genre apparent auquel ils s’identifient.

Le gydreïs est particulièrement efficace, et ses effets sont puissants, mais malheureusement ne font pas de miracles. Les organes reproducteurs ne mutent pratiquement pas. S’il est capable de faire disparaitre totalement des seins ou effacer toute pilosité faciale, et transformer bel et bien l’apparence féminine en masculine et l’inverse, cette mutation n’est jamais totale. Et la médecine lossyanne ne peut rien faire de plus, d’autant qu’elle s’est peu penché sur le sujet, qu’elle considère d’une part réglée par les gydreïs, et d’autre part sans vraiment d’importance au regard de sa tâche de préserver la santé des gens. Il faut bien se rappeler que la chirurgie lossyanne est encore balbutiante. Les gydreïs ne sont pas réellement rares, mais le plus souvent, on ne peut s’en procurer qu’au sein des confréries de Courtisans, et bien sûr leur usage est parfois très mal vu.

Les Courtisans :

Revenons-en aux Courtisans. Le terme réunit une communauté très variée, et d’ailleurs les transgenres n’en font pas tous partie. Il s’agit de confréries regroupant des intersexués, des travestis, des gillys, partageant tous la même fonction sociale : ils sont tous versés dans les arcanes de la séduction, de l’étiquette de cours, de la discussion, de la musique et d’autres formes d’arts, et ont pour tâche d’être des artistes du divertissement et des personnes de compagnie. Le tout est très lié à une prostitution de luxe que sous-entends en général leur rôle et les prestations qu’offrent les Courtisans, mais c’est loin d’être systématiques.

Les Courtisans jouent tout le temps de leur ambiguïté sexuelle apparente. Ils ne sont pas tous porteurs d’un gydeïs, loin de là, et on trouvera autant d’hommes que de femmes. Ils sont souvent un refuge pour les personnes dont la situation due à leur genre ou leur sexualité est intenable au niveau social ou familial, et ils accueillent chaleureusement toute personne harcelée ou mise en danger pour ces problèmes. Ces derniers ne deviennent pas forcément Courtisans, mais travailleront au sein de leur confrérie.

En quelque sorte, avant tout, les Courtisans sont le seul milieu ou les gillys peuvent ouvertement afficher leur homosexualité, y compris avec leurs clients, et où les clients eux-mêmes n’ont pas à s’en cacher. La plupart des grandes cités ont une ou deux confréries de Courtisans, possédant des établissements de spectacles, des maisons de plaisirs et de bains, des auberges, cantonnés à un ou des quartiers bien délimités. L’Eglise interdit officiellement les maisons de plaisirs et condamne la prostitution, mais sauf en cas d’esclandre, ferme mes yeux sur les activités les moins avouables des Courtisans, qui compte bien sûr des Ordinatorii dans sa clientèle. Les Courtisans dans l’Empire d’Hemlaris sont considérés comme une fonction sociale publique, et leurs activités et leur recrutement sont encadrés et soumis à des règles et traditions complexes. Il n’y a pas de Courtisans ou rien qui y ressemble chez les Dragensmanns, les Forestiers, les Svatnaz, les Jemmaï ou encore les San’eshe. Étrangement, c’est une tradition très Concilienne, relativement récente d’ailleurs.

Il est à noter que les établissements des Courtisans n’emploient jamais d’esclaves dans leurs activités de services, ceux –ci ne le sont que pour les tâches ménagères ou à titre privé. Certains Courtisans sont des personnalités incontournables de la haute-société. Les lossyans acceptent en général assez bien l’existence des Courtisans et leur présence. Mais ils préfèrent ne pas en parler à table, pour résumer.

3- Justice & lois

Aussi bien que la justice, les codes sociaux et les lois coutumières pèsent fortement sur la vie des lossyans. Nous allons principalement nous intéresser à ce qui concerne les principes et les points communs, et préciser aussi les quelques exceptions qui concernent les cultures non conciliennes.

Les principes de la justice lossyanne

Le souci de parler de la justice et des lois c’est qu’il faut d’une part qu’il y en ait, et d’autres part que des gens soient chargés de les faire respecter. Et si la plupart des communautés humaines se dotent de lois, les organes judiciaires, eux, sont nettement moins communs. Pour le dire simplement, le monde de Loss ignore en règle général ce qu’est une force de police. Et hors des cités-états, on se passe totalement de juges ou de tribunaux. Ce qui donne bel et bien une justice qui est fréquemment appliqué au bon vouloir des habitants et des communautés, qui se chargent elles-mêmes de faire respecter la loi et exécuter les sentences, quand celle-ci n’est pas soumise au bon vouloir des autorités en place et de leur pouvoir sur la vie civile.

En gros, la justice dans le monde de Loss est assez rarement juste. Et très communément expéditive. Paradoxalement, elle est pourtant d’importance et les lossyans en règle générale considèrent la notion de justice comme de haute valeur et ses représentants chargés de la rendre comme des hommes honorables. Mais pour comprendre cette étrange dichotomie, il faut s’attarder un peu sur les principes de la justice et des lois selon les lossyans, et il y en a trois avant tout :

Les Vertus & la Loi :

Ciment des concepts et relations entre les lossyans, les Vertus sont aussi le socle de leurs lois les plus fondamentales, qui toutes, donc, se réfèrent aux principes d’Honneur, de Courage, et de Sagesse. Le vol, la duperie ou le mensonge sont des crimes à l’Honneur ; la lâcheté, la trahison, la désertion au Courage. Quant à la Sagesse, elle implique qu’un acte stupide ou irréfléchi, fait sous l’effet de l’alcool, de drogues ou d’une altération mentale est totalement de la responsabilité de celui qui le commet, sans la moindre circonstance atténuante.

Mais cela veut aussi dire que certains crimes commis pour protéger son Honneur sont acceptables. Que la mort d’un agresseur pour défendre une personne agressée est un acte de Courage qui ne devrait pas être condamné. Qu’enfin, certaines trahisons ou duplicités pour protéger une communauté, un groupe, des êtres chers, peuvent être considérés pardonnables car faisant preuve d’une véritable Sagesse –pour peu en général que le coupable ait prévu la manière de rattraper son crime, en dénoncer la raison ou se dénoncer lui-même.

Une bonne manière de pouvoir saisir ce que sont les crimes vis-à-vis des Vertus est de lire celles-ci au chapitre Les Vertus.

La responsabilité individuelle :

Les Lossyans ne reconnaissent en général pas la notion de circonstances atténuantes -sauf si celles-ci impliquent la démonstration d’une haute Vertu (voir ci-dessus). Chaque individu est responsable de ses mots, faits et gestes, il doit donc en assumer les conséquences.

C’est pour cela que les lossyans, même vantards et aisément porté à exagérer des histoires, quitte à mentir, font tout de même attention à ce qu’ils disent car ils se doivent d’assumer tous leurs propos et se préparer à en répondre devant un accusateur, qu’il soit une personne lésée ou un représentant de justice.

Cette notion introduit quelques caractéristiques : si un homme se fait voler chez lui, mais n’avait pas les moyens ou l’opportunité d’avoir une bonne serrure ou défendre ses biens, il est considéré aussi responsable que le voleur. Ce dernier sera châtié comme un voleur (et ce n’est pas joyeux) mais l’homme volé, en vertu de la responsabilité individuelle est responsable de son manque de prudence : il ne pourra demander remboursement ou compensation des biens volés. Autre exemple dans le cas des impôts, un homme pauvre ne pourra justifier de ne pouvoir payer sa part parce qu’il n’en a pas les moyens. S’il ne le peut pas, on viendra se servir dans ses biens jusqu’à remboursement, y compris en asservissant les siens, ou le coupable lui-même !

Le contexte est donc rarement pris en compte dans un crime, pas plus que les actes passés ou la personnalité du criminel, sauf si des individus témoignent que son crime a été commis sous la nécessité de suivre des Vertus, et donc pour une « bonne » raison.

Les Dogmes de l’Eglise :

A ces deux principes peuvent se rajouter les lois considérées sacrées et au-dessus de tout des Dogmes de l’Eglise du Concile Divin (voir le chapitre Le Concile Divin). Mais si nous ne nous y attardons pas, c’est que ces lois sont appliquées de manières très diverses en fonction de l’importance locale de l’Eglise. Néanmoins, elles ne sont jamais ignorées ; généralement la justice civile des Cités-états l’intègre dans ses codes de loi. Pour résumer, on les respecte toujours mais pas forcément à la lettre : les cultures non-conciliennes s’en fichent et Armanth et l’Athémaïs ne l’appliquent qu’assez marginalement, sauf ce qui concerne les plus graves hérésies.

La justice dans les communautés & les Cités-états

Comme nous l’avons vu plus haut, sortie des cités-états, la justice a tendance à être rendue par les habitants et les chefs de communauté, de manière plus ou moins efficace et impartiale. Parfois plutôt moins que plus.

Dans les communautés et villages, le coupable d’un crime est en général arrêté par les habitants, parfois par les gardes et hommes de mains de l’autorité locale, puis trainé devant le conseil de la communauté et son chef, qui va entendre les plaignants, le coupable, et décider de la sentence au crime concerné selon les lois et traditions du coin. Selon le type d’autorité qui dirige la communauté, le procès sera plus ou moins vite expédié, peut être public ou rendu en privé, et la peine est totalement soumise au bon vouloir du conseil ou du chef local ; ce qui implique bien sûr de grande risques d’injustice, mais pas nécessairement. Et bien entendu, il arrive que les habitants se fassent justice eux même sans attendre. Ce système est dominant dans les cultures San’eshe, Svatnaz et Erebs.

Dans les cités et grandes villes, la justice est un peu plus organisée et emploie un personnel dédié à la faire respecter et appliquer. C’est le plus souvent les gardes locaux qui font office de police, mandatés par le sénat ou les dirigeants de la cité, mais aussi par les guildes et confréries ou encore l’aristocratie. Chacun défendant les intérêts de qui le paie, leur champ d’action et leur degré d’intervention diffère donc, parfois jusqu’à être en conflit avec les autres forces de sécurité.

Il existe donc une véritable organisation de justice dans les grandes cités-états. Si chez les Dragensmanns ou les Forestiers la justice est rendue d’une manière similaire à celle des communautés et villages, seulement avec une meilleure organisation, dans les cités conciliennes –et jemmaï- la loi est dispensée par des magistrats formés et assermentés dont c’est le métier. Nous n’allons pas détailler les processus d’une démarche judiciaire, mais elle implique des juges nommés par l’autorité en place qui sont chargés de dispenser la loi, des magistrats chargés d’instruire les procédures, des avocats et légistes experts des subtilités des différents codes de loi (civile, commerciale, criminelle, etc…). Tout cet ensemble professionnel gravite autour des tribunaux : les Legitreii, en Athémaïs.

En théorie, tout légiste vous dira que tout citoyen a droit à un procès. Dans les faits, si c’est bien le cas, rien n’assure de son équité. Pouvoir profiter d’un juste procès devant ses pairs dépends de son rang social et de sa fortune, ni plus ni moins. Pour un voleur de bas-peuple, son procès se réduit à dix minutes devant un magistrat qui décide de sa peine dans un bureau, appliquée immédiatement. S’il n’a pas été déjà puni (ou torturé, voire exécuté) pour la forme par les gardes ou les citoyens qui ont pu mettre la main dessus. Seuls les bourgeois, aristocrates, membres du pouvoir et individus argentés er influents pourront profiter d’un véritable procès. Les autres évitent de leur mieux de subir les foudres de la loi et des forces de police, le plus souvent arbitraires, et s’arrangent entre eux pour régler leur compte et se faire justice. Pourtant, même ainsi, il arrive que des magistrats intègres –ou désargentés- viennent leur prêter-main forte et essayer de dispenser une justice plus équitable et populaire.

Concernant les litiges civils et commerciaux (héritages, divorces, Droit des Marchands, etc…), les procès sont instruits à partir de plainte d’une des deux parties et sur demande. Le magistrat assermenté par la ville, chargé d’arbitrer le conflit est en partie payé par la partie accusatrice, et le litige est réglé selon les lois locales et doit être appliqué immédiatement. Ce qui peut devenir compliqué, mais les lossyans connaissent les huissiers, et ceux-ci, travaillant au sein des grandes guildes marchandes, ont un personnel musclé dédié à faire appliquer les décisions des magistrats de la justice civile.

Procès & condamnations

Si la loi lossyanne en général admet l’existence du défenseur (avocats, légistes, témoins et cautions de moralités), elle n’applique ni le principe de présomption d’innocence, ni la notion de caution. Donc, tout inculpé est enfermé jusqu’à son procès. Là encore, si les plus riches marchands et nobles seront assignés à résidence ou enfermés dans des appartements confortables, tous les autres finissent dans des cellules exiguës ou des culs-de-basse-fosse. Et ont de la chance s’ils le sont avec leurs vêtements : dénuder un captif avant de le jeter au trou est courant, c’est une manière efficace de rajouter une assurance qu’il aura du mal à s’enfuir. Bien entendu, cela n’aide pas à rester en bonne santé, détail assez accessoire pour la plupart des surveillants de prisons.

L’instruction d’un procès consiste à constater le crime et ses circonstances, réunir les témoins des faits et des individus pouvant faire caution de moralité pour l’inculpé, ainsi qu’un avocat qui devra être trouvé par l’inculpé ou sa famille et ses proches. Et obtenir les aveux de l’accusé : oui, cela implique maltraitances et tortures pour accélérer la procédure ; heureusement ce n’est pas si répandu, les lossyans tendent généralement à penser que la torture ne fait avouer que les crimes les plus graves et impardonnables. Les esclaves ne peuvent officiellement jamais témoigner. Dans les faits, cela dépend des autorités et de l’humeur du juge, et ils seront fréquemment torturés pour s’assurer de la véracité de leurs propos, ce qui implique qu’ils témoignent souvent ce que le tortionnaire veut leur faire dire. Une fois réunis les différents éléments, le procès a lieu : le juge entend les différentes parties, les témoignages, les plaidoiries et décide de la peine en s’appuyant sur les lois locales. Il y a ou non un conseil pour discuter de la peine selon les régions, et l’importance du procès, mais celui-ci est le plus souvent composé d’autres légistes et érudits.

La peine infligée à l’accusé déclaré coupable est en général exécutoire immédiatement. Et c’est rarement de la prison. On punit par des dédommagements, des coups de fouet ou de bâton, le pilori, les humiliations publiques, la mise au ban, le bannissement, les mutilations, l’asservissement et enfin la mort. Les Lossyans condamnent à mort pour des délits qui pour les hommes du 21ème siècle ne le mériteraient pas du tout ; citons l’agression d’un maitre-marchand, d’un membre de l’Eglise ou de l’aristocratie, le sacrilège ou l’hérésie, l’incendie urbain (même sans morts), la piraterie, l’espionnage industriel (en tout cas à Armanth, mais pas que…), le vol de loss-métal, ou encore le viol, ainsi que toute forme d’agression physique sur les enfants (un enfant dans le monde de Loss est une personne de moins de 14 ans). Mais la liste n’est pas exhaustive. Etrangement, tuer quelqu’un ne vous condamne pas du tout forcément à mort : en fait, si vous avez de bonnes raisons d’avoir tué et/ou une position d’influence privilégiée, vous serez juste condamné à verser un dédommagement à la famille du défunt.

Les peines de mort sont assez souvent cruelles et sont exécutés en publique. La mise à mort la plus courante reste cependant l’égorgement ou la pendaison. Quant à la prison, c’est une peine très rare, le plus souvent, pour s’assurer que le condamné ne puisse s’enfuir tandis que les siens doivent payer les dédommagements auxquels il a été condamné. Un coupable endetté par un dédommagement qu’il ne peut rembourser peut voir sa famille, ou sa propre personne, asservi en compensation.

Les duels & vendettas

Nous n’allons pas nous y attarder, mais à côté de la justice officielle et de celle que se font eux-mêmes les gens du peuple –et pas qu’eux- il y a les duels et les vendettas.

En règle générale les lossyans règlent leurs comptes aux poings, histoire de ne pas s’entretuer, à cause d’une coutume qui dit que l’homme qui en tue un autre en duel est responsable de sa famille. Mais cela n’arrête pas tout le monde et en cas de litige, le duel à mort existe, même s’il n’est pas courant. Celui.ci peut se faire d’homme à homme, ou via des champions –certaines compagnies mercenaires en font leur métier. Et non, cela n’est pas interdit, le duel est même parfois proposé lors d’un procès pour litige par des magistrats. Il a parfois même été imposé entre deux aristocrates.

Et il y a la vendetta. Les maitres-marchands et en général tous les hommes puissants règlent souvent leurs problèmes à coup d’assassins et d’empoisonneurs. Quand ces règlements de compte prennent des dimensions familiales, clanique, ou entre guildes concurrentes, cela finit aisément en vengeances sans fin. La vendetta est une affaire d’honneur, les magistrats évitent donc de s’en mêler. Le seul cas où la justice va intervenir, c’est quand une vendetta menace la stabilité et la paix publique d’une cité-état.

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