Les Chants de Loss, le Jeu de Rôle
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La Croisée, un grand Caravansérail

(image de l’article : screenshot du jeu video Black Desert Online )

La Croisée est une cité de l’Etéocle, qui n’a gagné son statut de Cité-État que depuis peu. C’est son caravansérail qui a, en grande partie, permis son développement et a assuré une certaine indépendance conduisant à ce que la Croisée puisse prétendre être une cité libre dotée de sa propre Agora. La Croisée se trouve à l’embranchement des deux rivières donnant naissance au Fleuve Atérios, qui va se perdre dans les Schasmes au sud. La ville abrite 4500 habitants et compte environ 500 à 600 Forestiers installés dans une bonne entente relative avec des Etéocliens et des colons Hégémoniens ; on y trouve même un comptoir Dragensmanns dans les murs du caravansérail. La cité est assez peu fortifiée et une grande partie de ses infrastructures sont construites de bois, de torchis et de chaume. Sa population y vit de l’exploitation des bois rares, des ressources végétales comme le mellia et du commerce de peaux et de cuir.

1-Petite histoire

La Croisée a été bâtie par un groupement de maitre-marchands et de princes de Nashera, il y a un peu plus de cent ans, en réponse à une évidente volonté de l’Hégémonie de réclamer des frontières aux lisières de la forêt de l’Elmerase. Elle y envoyait sans cesse des expéditions militaires et des colons. Cela se finissait forcément mal : les Forestiers dévastant les colonies et harcelant jusqu’à épuisement les campements militaires. Le groupe d’intérêt qui fonda la Croisée eut une approche plus rusée et diplomatique ; il négocia avec les Forestiers un pacte de neutralité de dix ans, reconductible. Au sein du caravansérail et à une demi-journée de marche tout autour, il était permis à tous les peuples de venir commercer, les lois Etéocliennes, Hégémoniennes ou Forestières ne s’appliquant pas, remplacées par le Droit des Marchands, assurant une libre circulation sans risques, pour tous.

Les Forestiers y virent rapidement leur intérêt ; ils vinrent même assez rapidement proposer leur aide et fournir de la matière première et le caravansérail de la Croisée fut érigé en moins d’une année. En grande partie de bois et de torchis, il fut malgré tout ceint de murs de pierre et de mortier, et, puisque la zone d’échange neutre s’étendait sur une demi-journée de marche, elle accueillit rapidement plusieurs fermes permettant d’approvisionner tous ces nouveaux venus.

Assurer la neutralité de la Croisée fut un problème difficile –et cela reste une tâche très ardue-, mais très vite tout le monde y vit son intérêt. Des comptoirs de l’Hégémonie s’y bâtirent, suivis par un comptoir Dragensmanns et la ville est. Finalement, le seul endroit connu où, en plus de quatre temples de l’Église, on peut trouver un sanctuaire Dragensmann. La seule contrainte religieuse est l’interdiction absolue dans la zone neutre de Chanteurs de Loss libres et de chamans. La Croisée a cependant connu trois guerres au long de son siècle d’existence et a subi une bataille, il y a une quarantaine d’années, suite à un massacre de Forestiers par des Hégémoniens intégristes. Le conflit fut violent : les Forestiers déchainèrent leur vengeance, mais la bataille cessa quand l’Église elle-même fit exécuter les responsables du massacre et asservir et exiler toutes leurs familles.

Cet événement, nommé la Bataille des Meutes, a soudé l’entente, parfois houleuse, mais toujours acceptée, entre les différents peuples, croyances et cultures de la ville. Le caravansérail en est le cœur et l’âme. Il a depuis été encore agrandi, avec un haras, des ateliers de ferronnerie et de diligence et un arbre à dragens. Quant à la ville, elle s’est dotée d’une armée, d’un tribunal, de lois, puis est parvenue à s’affranchir de l’autorité de Nashera par un vote populaire, donnant naissance à son Agora. Plusieurs tribuns sont des Forestiers établis dans la ville, et un Dragensmanns est toujours présent en qualité d’observateur avec des pouvoirs d’arbitrage.

La déclaration de l’indépendance de la Croisée, devenue Cité-État, a été assez difficile politiquement et a failli tourner en guerre avec les puissances locales voisines. Mais finalement, la Croisée arrangeait tout le monde et pas seulement du point de vue commercial. Géopolitiquement, elle permet de conserver un point de ralliement et d’observation utile à toutes les forces en présence dans les Plaines de l’Etéocle, et avant tout pour l’Hégémonie ; et sa neutralité est un clair avantage quand il s’agit d’avoir un lieu de ravitaillement assuré.

2-Le caravansérail

Au départ situé en pleine ville, ou plus exactement, la ville a poussé autour, le caravansérail de la Croisée a été reconstruit il y a environ 30 ans à proximité de la rivière des Iris. Il jouxte un petit port de pêche et de commerce. La rivière peut accueillir des navires lévitant qui viennent y mouiller, mais il vaut mieux être prudent entre la fin de l’hiver et les premiers mois du printemps, car les eaux deviennent franchement tumultueuses et ont déjà emporté brutalement aussi bien des péniches que les plus solides galions.

Le bâtiment comprend des dépendances, le haras, les enclos pour les animaux de bât ainsi des écuries et, surtout, le corps principal du caravansérail :  un vaste rectangle fortifié, de plus de deux cents mètres de long, divisé en deux sections. La première est fermée à ses quatre coins, avec des portails solides traversant en deux passages son enceinte et la seconde section est ouverte sur l’Iris et un entrepôt commercial. La plus vaste partie, la première, est celle qui abrite les comptoirs, les hôtelleries, les commerces et les activités sociales. La seconde, près de la rivière abrite les réserves, les logis des mercenaires, des dockers et des esclaves et les entrepôts devant les quais de chargement fluvial.

Tous les bâtiments sont sur deux étages, culminant à presque 8 mètres de haut. Le rez-de-chaussée est fait de pierre et mortiers, le premier étage est bâti en colombage, de bois et de torchis. Les toits sont couverts d’une double toiture de tuiles de bois pour assurer une certaine étanchéité et une résistance relative en cas d’accidents et d’incendies.

Le caravansérail est dirigé par l’administrateur Alir Kenam, d’origine métissée, moitié athémaïs-moitié Eétoclien. L’homme, d’un grand âge, est veuf et ses enfants sont depuis longtemps adultes. Malgré son aspect maigre et chétif, il est toujours débordant d’énergie et tient le caravansérail avec un art de la diplomatie et de la négociation redoutable. Il est aidé dans sa tâche par le comptable Juluis Adromaque, un Hégémonien et Arcterus Preva, un vétéran eteoclien né à la Croisée, capitaine de la garde du caravansérail. Le caravansérail dispose d’une bonne trentaine de mercenaires et de six gardes officiels chargés de faire respecter la loi, et possède en nom propre une dizaine d’esclaves, presque tous féminin, principalement attaché aux services domestiques. Plusieurs d’entre elles travaillent dans l’auberge.

2-1 L’auberge du Mellia Pourpre

Le Mellia Pourpre, une couleur de cette résine luminescente qui n’existe pas, est pourtant la fierté des lieux. Il se trouve en effet un superbe cristal de sève de Mellia au-dessus du comptoir, qui doit peser pas loin de cent kilos, et qui a été recouvert d’une résine teintée de pourpre… l’éclat rouge en est artificiel, mais unique et fait la fierté du tenancier, Alsoïs Derecat, costaud et jovial patron de l’auberge.

Les lieux sont vastes et confortables, en grande partie lambrissés et décorés de têtes de trophées empaillés, d’art traditionnel local et Forestier et d’insectes séchés mis sous cadre. Luxe supplémentaire, L’auberge se permet d’avoir non seulement un comptoir en L, capable d’accueillir une quinzaine de personnes, mais aussi des alcôves et deux salles à manger privées pour plus d’intimité et de sécurité. L’auberge offre une salle commune et une dizaine de chambres à l’étage. Il y travaille la famille d’Alsoïs, dont sa femme Hilge, une métisse qui a, à peu près, le même caractère et la même carrure que lui et cinq esclaves, dont deux des plaisirs appartenant au caravansérail. Il est très courant que des spectacles de saltimbanques, de danse d’esclaves ou de troubadours y soient présentés le soir, avec, bien sûr, une petite quête pour payer les artistes. On peut aussi y prendre un bain confortable avec de nombreux services, mais il faut réserver d’avance.

2-2 Le comptoir Dragensmann

Le comptoir ferait, ailleurs, concurrence à l’auberge du Mellia Pourpre, car une des choses qui s’y vendent le plus est la bière –on devrait dire les bières tant le choix y est vaste. Mais si le comptoir a ses propres tables, sa petite salle de cuisine et une sacrée réputation en matière de charcuteries et poissons séchés, le plus souvent, les clients viennent y acheter leur boisson et vont à l’auberge la consommer tout en commandant un repas et profitant du confort et des spectacles variés donnés dans le Mellia Pourpre. Mais c’est aussi à ce comptoir qu’on peut acheter de la fourrure et de la laine de sika, du très prisé- et très cher- sang de feu, des écailles et ivoires de narva, du cuir traité et étanche ou encore des lingots d’acier Dragensmanns. L’intérieur est décoré traditionnellement, avec nombre de bois sculptés et peints de couleurs vives et de motifs complexes. La seule chose à éviter, c’est d’y entrer sans y avoir été invité, si on est un membre de l’Eglise ou un officiel Hégémonien. Et il faut s’accoutumer que tout le monde dans le comptoir soit armé et libre de parler comme il veut, hommes ou femmes, sans réelle différence, comme le veut la tradition dragensmman.

A noter que chaque fin de printemps, le comptoir organise une vente aux enchères de quelques chevaux d’élevage, venus des Terres-dragon, un événement festif qui rassemble beaucoup de monde, dont des nomades et marchands dragensmanns. A cette occasion, les chevaux ainsi vendus s’échangent à des prix parfois vertigineux.

2-3 Le comptoir des Forestiers

Malgré le fait que la ville et le caravansérail soient une zone neutre protégée par le Droit des Marchands, les Forestiers restent ce qu’ils sont : des gens qui préfèrent rester entre eux et se méfient de tout le monde. Ainsi, le comptoir, pourtant très important économiquement, est relativement réduit et autrement moins accueillant que celui des Dragensmanns et de leur naturelle exubérance. On ne peut entrer dans le comptoir que si on est Forestier ou spécifiquement invité par eux et ce n’est pas un privilège courant. Sinon, on fait affaire devant les étals, sous le porche et là encore, les négociations restent sérieuses et ne durent pas : les Forestiers n’aiment guère marchander. On peut y acheter du Mellia de nombreuses couleurs, des peaux, des cornes et ivoires rares, des plantes et des remèdes d’herboristerie qu’on ne trouve nulle part ailleurs, mais aussi louer les services de guides et de chasseurs.

Tous les ans, un peu comme pour rompre leur réputation, les Forestiers organisent, avant l’automne, une grande fête qui est l’occasion pour eux de faire des démonstrations sportives et martiales, avec des concours ouverts à tous (et toutes, les Forestiers sont très égalitaires). Pendant cette période sont souvent mis en vente des arcs traditionnels Forestiers, très réputés, et qui s’échangent à prix d’or, en plus de nombreux autres produits locaux des forêts de l’Elmerase… y compris, parfois, au grand dam de l’Église qui tente de le faire interdire depuis toujours, des Artefacts Anciens. Mais ces derniers sont toujours des « œuvres d’art » ou décoratives et sans danger… enfin… jusqu’ici.

2-4 Le haras

Le haras est un élevage de chevaux. Plus que les dresser et les débourrer, ici, on les fait grandir et le haras a gagné une belle réputation en croisant des espèces locales rustiques et pas très grandes et les puissants chevaux dragensmanns, pour créer une race locale, nommée l’eleksin. Celui-ci est un petit cheval plutôt téméraire, particulièrement solide, aux sabots larges et au corps assez massif. Il n’est guère doué pour la vitesse, mais il a une endurance remarquable, peut porter de lourdes charges et n’est clairement pas effrayé par les montagnes et les pentes abruptes. Son caractère intrépide le rend très prisé de la garde locale comme monture de patrouille, car l’animal arrive même à faire peur aux plus gros griffons. Le haras entretient en permanence environ 90 à 100 chevaux et en vend une bonne cinquantaine par an. Il emploie quatre familles plus des apprentis et fournit du travail à beaucoup de monde à la Croisée, pour gérer une activité florissante, mais qui demande un soin constant, beaucoup de place et une grande quantité de fourrage.

Le haras offre aussi des services d’écuries et un maréchal-ferrant qui travaille avec une douzaine d’acolytes. Il peut aussi bien ferrer des chevaux, que vendre selles et harnachements, ou réparer et entretenir des attelages. Mais il faut un peu de patience, car la demande est constante à cause de la fréquentation des lieux. En général pour ferrer un cheval ou faire changer la roue d’un carrosse il faut attendre trois ou quatre jours au moins.

2-5 Le perchoir des Dragens

Non loin des écuries se trouve le perchoir des dragens. Celui-ci permet aux monteurs de laisser leurs animaux se reposer dans leur lieu de nichage habituel. Le perchoir est un vaste arbre aux branches très étendues faisant 20 mètres de haut, aménagé avec passerelles, plateformes et échelles. Il peut accueillir une vingtaine d’animaux, mais n’en compte en général que quatre ou cinq, sauf lors des grandes arrivées de Dragensmanns.

La rivière et la forêt étant non loin, les bêtes n’ont aucun mal à aller se détendre et se nourrir. Trois palefreniers spécialisés se relaient pour s’occuper du perchoir, qui est un endroit que tout le monde à la Croisée vient au moins voir une fois, même de loin. Car on n’en approche pas sans risque et si essayer, c’est se faire arrêter par un solide gaillard convaincant… ou risquer de se faire tomber dessus par un dragen territorial et mécontent.

3- Les services & commerces

L’armurier

Aothrar Skernson est le forgeron et spécialiste des armures dragensmann. Il est parfaitement capable d’ajuster et réaliser un plastron de linotorci épais, blindé et ornementé, mais sa préférence va au travail de la maille et des écailles de dragen et de narva. Très doué pour la mécanique, il n’a pas les talents d’un génie, mais peut réparer, améliorer et entretenir tout ce qui n’est pas trop compliqué dans ce domaine.

La tailleuse

Belle-sœur de Alsoïs, le patron du Mellia Pourpre, Amera Kem tient un atelier de tailleur et un magasin d’étoffes qui profite largement des facilités du caravansérail et des marchandises dragensmanns et forestières. Avec deux apprentis et son père, vieux et un peu croulant, elle est capable de confectionner aisément des vêtements sur mesure et on la voit souvent à l’œuvre sur des pièces spéciales que commande Aothrar. Sa boutique fait dépôt-vente et elle assure avec sérieux son rôle de représentante de la confrérie des drapiers.

Le marchand d’esclaves

Bénérus Caritto Hippolio est un esclavagiste réputé, à raison, sans âme avec sa marchandise, qui ne s’occupe guère de dressage ou de Haut-Art, mais surtout de trafic, de revente et de contrôle de la marchandise. Le caravansérail sert deux à trois fois par an de plateforme de revente pour des cargaisons entières d’esclaves locales ou exotiques, parfois plusieurs centaines. La Croisée a quelques jardins des esclaves et esclavagistes qui les dressent et les mettent en vente. Bénérus assure principalement une plateforme de négociations et d’échanges, et s’occupe des ventes en gros, et de gérer les contrôles sanitaires du trafic local.

L’épicier

Sorios Arriskon, que tout le monde nomme « le barbu » est le vendeur de denrées conservables, d’équipement de voyage –on peut pratiquement s’équiper entièrement pour une grande randonnée chez lui… au prix fort-  et d’épices et fruits et légumes secs du caravansérail. Difficile à louper avec son énorme barbe poivre et sel et son embonpoint de colosse bon vivant, l’homme est toujours ravi de marchander et de discuter. Père de huit enfants, il en a adopté six de plus et on prétend qu’il a en fait deux femmes sous son toit. Il est aussi connu pour détester les esclaves, qu’il chasse sans pitié quand ceux-ci s’approchent de sa boutique ou croisent sa route.

Le préteur

Aquileo Hanikus est un employé de la Guilde des Marchands et un spécialiste de la comptabilité monétaire. L’homme, un peu bedonnant, mais séduisant et beau parleur, a la charge d’échanger et convertir les devises dans le caravansérail et peut aussi certifier des lettres de change et accorder des prêts. Les taux d’intérêt sont très élevés (30% sur un an), et il peut compter sur les hommes d’ Arcterus Preva pour aller exiger par la force les remboursements non perçus. Bien entendu, il ne prête qu’à des habitants de la Croisée pouvant certifier de leurs moyens ou des membres officiels de la Guilde des Marchands.

Le diacre de l’Église

Le caravansérail dispose d’une chapelle de l’Église où tout un chacun peut se recueillir et faire des offrandes pour s’attirer les faveurs du Concile Divin. Elle est tenue par Iolos le diacre –il n’a jamais donné son nom de famille à personne- un ancien vétéran Ordinatori très pieux et fort amical et compatissant. Il est connu pour partager son temps entre son devoir et des œuvres de charité au sein de l’Église de la Croisée. Sa sagesse le fait souvent appeler comme conseiller spirituel par l’administration du caravansérail. Il arrive même à être amical et bienveillant avec les Forestiers et les Dragensmanns !

Le physicien

Nathir le Bossu est un étrange et sinistre personnage –et, oui, il est bel et bien bossu- dont la seule qualité qui puisse le rendre fréquentable est qu’il est bel et bien un très mon médecin et chirurgien des meilleures écoles de Nashera. Il tient un petit cabinet chargé des contrôles sanitaires et des soins aux usagers du caravansérail et en général ne fait payer cher ses services que si on lui demande quelque chose sortant de l’ordinaire et sans rapport avec la survie d’un patient –par exemple, remplacer un symbiote, opérer un esclave à la demande de son propriétaire, etc. Sinon, cela reste un homme qui fuit les relations sociales et sera toujours aussi désagréable que possible, sans que personne ne sache pourquoi.

 

 

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