Les Chants de Loss, le Jeu de Rôle
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L’Art de la Guerre

Tant que j’y suis et parce que c’est en plein le sujet du récit actuel du troisième tome des romans Les Chants de Loss, on va causer un peu art et tradition militaire pour les lossyans. Car dans un monde qui n’a finalement jamais connu de féodalité avec une chevalerie, mais a comme modèle militaire les carrés de légionnaires, qui emploie des armes à impulsion depuis des siècles et se sert de navires lévitant depuis presque autant de temps, les doctrines et les mentalités liées à l’art de la guerre sont finalement forcément différentes de ce qu’on imagine dans les films médiévaux ou de cape et d’épée.

 Quelques évidences de contexte

Durant la Guerre des Apostats, qui ravagea l’Etéocle jusqu’à ce que la Rage y mette fin, il y a un peu moins de 500 ans, pratiquement tout ce qui avait été établi en termes de doctrine de guerre fut rapidement balayé par la course à l’armement des belligérants, menant d’ailleurs à des batailles qui finirent en boucherie par l’inadaptation entre les tactiques militaires et les nouveaux armements présents. La révolution fut réellement rapide : en quelques années, les bombardes et les ancêtres des fusils à impulsion équipaient toutes les armées, faisant de toute charge organisée un massacre attendu. L’apparition des navires lévitant, capable de déplacer des forces offensives sur terre sur de longues distances et de lancer des assauts directement sur les murailles adverses mit fin à la notion de rendez-vous sur le champ de bataille. En bref, la puissance de feu et le mouvement réduisirent à néant toutes les formes de stratégies anciennes et balayèrent toutes les traditions de la guerre.

Pour contrer la puissance de feu des armes à impulsion, il fallut attendre le VIIe siècle et la mise au point du linotorci, matériau capable d’arrêter les balles et de rendre une certaine légitimité aux formations en carré et aux charges sur le champ de bataille. Mais la mutation était déjà largement engagée. La guerre se déplaça des champs de bataille ouverts aux cités et à leurs murs. Il n’était plus question de se donner rendez-vous et de vaincre l’armée adverse jusqu’à sa retraite ou sa reddition, mais de la faire céder en s’attaquant à ce qui la soutient : les intérêts civils, l’approvisionnement, ses centres politiques. Nul besoin de s’étendre sur les massacres que cette nouvelle doctrine engendra, surtout durant les Croisades de l’Église contre l’Empire du Trône de Rubis, entre le VIIe et le Xème siècle. Ce n’est finalement qu’après la 5e Croisade, en 910, que, sous la pression du Prophète Vaugès, épouvanté par les récits des atrocités commises par ses propres Ordinatorii, furent établies, et surtout respectées, de nouvelles lois de la guerre codifiant les droits et devoirs des belligérants. Ce code se nomme l’Epiotoma Institia Rei Militaris, mais tout le monde le nomme Reis Militaris : le Code de la Guerre. Et, fort heureusement pour les populations civiles, ce code est en règle générale respecté ; il a en grande partie mis fin aux massacres de population civile et dans une moindre mesure aux saccages et destructions aveugles. Il consacre aussi un code d’honneur à respecter entre les belligérants et il est largement établi que c’est l’Hemlaris qui suit le contenu du Reis Militaris avec le plus de respect.

Mais a-t-il réellement rendu la guerre sur Loss plus humaine ? Hé bien… oui… Et non.

 L’honneur de la guerre

Une devise des Guerriers de l’Empereur de l’Hemlaris dit : « il y a de l’honneur avant la bataille, il y a de l’honneur après la bataille ». Le fait est que notre notion de l’honneur chevaleresque sur le champ de bataille, qui n’a sans doute jamais réellement existé ailleurs que dans des romans, n’a aucun droit de cité dans les conflits lossyans. On s’y intéresse quand on a le temps et, quand on est occupé à survivre aux tirs, aux bombardements et aux assauts d’hommes en armure lourde, on a autre chose à faire que de se préoccuper de panache et d’honneur.

Cette idée d’honneur de la guerre concerne surtout les règles à respecter avec l’ennemi capturé ou blessé et celles concernant les civils et leurs biens. Elle diffère des codes de l’Honneur, en tant que vertu, quand deux hommes se font face pour régler un différend par les armes ; il n’y a par exemple aucune tradition du duel entre les deux leaders ou champions d’une armée pour tenter d’éviter que ces dernières soient amenées à devoir se battre. Ce genre de choses, ça n’existe que dans les légendes et les livres de récits mythiques et romantiques. Il n’y a pas non plus d’élite aristocratique militaire comme la chevalerie médiévale. La guerre reste une affaire de professionnels, et ces professionnels sont des mercenaires et des légionnaires, soit appartenant à l’Ordinatori, soit organisés en légions et armées au service des cités-États et de leurs princes.

Donc, parlons un peu de cet honneur de la guerre, qui concerne deux entités : le combattant, c’est-à-dire le simple soldat ou participant à une guerre, intégré dans un corps d’armée et le commandant d’une armée, c’est-à-dire un officier dirigeant des hommes, qu’ils soient 50 ou 5000.

L’honneur du combattant

Peu de mercenaires et pas plus de légionnaires ont réellement lu le Reis Militaris. Ce qu’ils en connaissent, c’est ce qu’on leur apprend durant leur formation militaire. Oui, cela veut dire que la perception du code peut fortement différer d’une culture à une autre, voire d’une armée à une autre. Il n’y a pas de conscription dans le monde de Loss et on ne réquisitionne des civils qu’en extrême-urgence, quand on manque de soldats de métier pour défendre les murs d’une cité-État – et cela n’est pas si rare. On peut donc affirmer que, même de manière incomplète ou partiellement erronée, la grande majorité des combattants de Loss, au moins dans les cultures Conciliennes, connaissent ce code et le respectent peu ou prou.

  • Épargner le soldat vaincu ou blessé : une évidence qui n’en fut pas toujours une est que le soldat vaincu ne doit pas être exécuté sur simple décision arbitraire. Il sera gardé captif, puis libéré à la fin de la guerre, contre rançon ou non. Il est assez coutumier pour les lossyans d’asservir les prisonniers, mais ces derniers sont plutôt des civils, on y reviendra plus bas. Quant au blessé, il sera épargné et soigné dans la mesure du possible ou confié à ses propres troupes. Il est cependant honorable et totalement admis d’achever un mourant pour lui épargner une lente agonie.
  • Épargner le civil sans armes : la guerre concerne les combattants, pas les civils. L’acte hostile contre une population paisible et désarmée est un crime, non un acte de guerre. Ainsi donc, attaquer une cité-État revient, en théorie, à vaincre sa puissance militaire, non à s’attaquer à sa population civile. Autant dire, cependant, que ce code, s’il est relativement respecté à l’échelle du combattant, est régulièrement ignoré par le commandement des armées qui ne laissera pas un tel code le freiner dans un siège et un bombardement de cité.
  • Ne pas torturer ou mutiler : si la mutilation est répandue dans un cadre judiciaire et la torture admise comme méthode d’interrogatoire, rien n’est plus avilissant que d’en user contre l’ennemi ou les civils pendant une guerre. On tolère l’emploi de la torture quand il s’agit d’obtenir des informations sur l’ennemi, mais c’est sous la responsabilité du commandement qui devra en répondre en cas d’abus. Ces deux points sont très importants pour les soldats lossyans.
  • Protéger les enfants : nous parlions plus haut du fait que les civils ennemis capturés sont souvent intégrés au butin d’une armée comme esclaves, surtout les femmes. Mais une chose sacrée pour les lossyans, est d’épargner et protéger les enfants. Personne n’hésitera à asservir une jeune fille de 14-15 ans, mais l’idée de faire de même, ou de faire le moindre mal, à des enfants est impardonnable pour quelque soldat que ce soit, à part les plus vils. Les enfants seront toujours protégés, mis en sécurités et soignés, quitte à perdre du temps pour cela.
  • Ne pas se venger : une précision pas si évidente, qui rappelle au combattant qu’il est en guerre, et ce quelle qu’en soit les raisons, ce qu’il endure dans la bataille ne concerne pas des hommes, mais des guerriers. Une fois la bataille finie, ce qui s’y est déroulé doit être laissé de côté, car les combattants ne sont pas animés par la haine on la vengeance, mais par le devoir et un code commun. Si ce code, destiné à empêcher les représailles aveugles, est remarquablement honorable, il va sans dire qu’il est assez souvent bafoué.
  • Ne pas user d’armes empoisonnées : tout est dans le titre et considère que se servir de substances étouffantes, empoisonnées ou encore contaminées (comme des charognes) est un des crimes les plus déshonorants qui soient. Et d’ailleurs cela l’est tellement qu’aucun combattant ne s’y risquerait en général, pas plus que le commandement d’une armée. Ce qui est pourtant parfois arrivé, bien sûr.

L’honneur du commandant

Contrairement au combattant de base, la plupart des officiers et commandants d’armées ont une très bonne connaissance du Reis Militaris et leur culture les incite à en respecter et en faire respecter le contenu. Là où le bât blesse, c’est que celui qui décide de déclarer une guerre n’est pas forcément celui qui va en assurer le commandement. Les consuls, les princes ou les chefs religieux (bien que ce soit nettement plus rare dans ce dernier cas) ne connaissent pas forcément l’honneur de la guerre et seront souvent les premiers à en bafouer le contenu si celui-ci vient à entrer en contradiction avec leurs objectifs ou leurs stratégies. Bien entendu, cela peut amener aux problèmes qu’on imagine dès lors entre le commandement militaire d’une armée, et le pouvoir civil qui en est l’instance dirigeante auquel la hiérarchie militaire doit obéir.

  • Ne pas nuire plus que nécessaire : cette règle concerne le fait de limiter les moyens employés pour faire la guerre et les dommages que ces moyens peuvent causer. C’est dans ce cadre qu’est en théorie strictement interdit l’usage des armes incendiaires et des explosifs sur le champ de bataille (sauf dans les batailles navales) aussi bien que contre les populations civiles. Il interdit aussi l’emploi de la technique de la terre brûlée ou de la famine. Autant dire que ce sont des notions floues et régulièrement violées par les armées en guerre, bien que les ignorer ne soit pas sans conséquence, y compris auprès de son propre commandement.
  • Épargner les populations civiles : pourquoi est-il répété ? Parce qu’épargner le civil non armé ne veut pas dire ne pas l’asservir : seulement ne pas commettre de massacres ou de déportations massives et privilégier d’épargner sa vie et ses biens autant que possible en cas d’assaut, de campagne militaire ou de siège. L’asservissement est considéré sur tout Loss comme partie intégrante du butin de guerre auquel toute armée peut prétendre. En théorie, on n’asservit donc qu’une petite partie des civils. Dans les faits, le premier à avoir fait des déportations massives est clairement Anqimenès avec le soutien total de l’Église ; mais désormais, ce code est relativement respecté.
  • Respecter les émissaires : on ne tue ni n’emprisonne un diplomate venu négocier ou apporter une déclaration de guerre et on le laisse rentrer, lui et son escorte, en toute sécurité, ce qui rejoint les règles de l’hospitalité, et les lossyans évitent de bafouer leur honneur en ne respectant pas ce code.
  • Déclarer la guerre et respecter les ultimatums : on n’attaque pas un ennemi sans lui avoir préalablement déclaré la guerre, et ce faisant, on annonce dans cette déclaration de guerre les exigences que l’on tient à voir respectées à l’ennemi, afin qu’il puisse, le cas échéant, y répondre favorablement. On lui dit aussi de combien de temps il dispose pour y répondre, le plus souvent, c’est alors un délai court et non négociable. Vous ne serez pas surpris d’apprendre que c’est un code régulièrement ignoré.
  • Respecter les trêves et les redditions : la reddition dans le monde de Loss ne se fait pas traditionnellement avec des drapeaux blancs, mais bleus et par un individu dénudé qui agite le drapeau. En fait, il suffit d’être torse nu, sans armes et agiter un drapeau de couleur clair pour que le signe de reddition soit compris. Les trêves militaires vont souvent avec une évacuation de civils ou de combattants blessés et c’est un code très important et respecté, même dans un siège de cité où on acceptera de laisser l’assiégé évacuer plus ou moins librement ses femmes et ses enfants. Briser une trêve est un acte grave, et parce que tout le monde y trouve son intérêt, on respecte les trêves le plus souvent, bien qu’en cas de siège, les évacuations de civils fassent l’objet d’intenses tractations pas toujours respectées.
  • Accepter de rechercher la paix : donc, accepter les trêves, les redditions, les négociations pacifiques, etc., et éviter de rester uniquement sur une solution belliqueuse au conflit. En fait, ce code est très flou, mais a pour but de mettre les va-t-en-guerre face à leur responsabilité.
  • Respecter les lieux sacrés : détruire, saccager ou profaner un lieu sacré est une impardonnable hérésie pour l’Eglise, que ce lieu soit consacré au Concile Divin ou pas, d’ailleurs. Faire couler le sang dans un lieu sacré est le pire des crimes, comme d’en chasser les occupants et les réfugiés y ayant trouvé asile. Dans les faits, malgré des horreurs commises par le passé, c’est un des codes les plus universellement respectés qui soient.
  • Ne pas exiger plus que nécessaire : que ce soit avant la guerre, ou à sa victoire, l’idée est de rester raisonnable dans ses exigences et dans les réparations qui seront imposées au perdant. En gros, ce code ambitionne d’interdire les pillages aveugles souvent accompagnés de saccages et exactions des armées victorieuses sur la population perdante. Autant dire que c’est un des codes les plus galvaudés.

La formation militaire

Que ce soit dans la marine de guerre, l’Ordinatori ou les armées des cités-États, la formation militaire, malgré d’évidences différences, suit à peu près un cursus d’instruction relativement comparable. En l’absence de conscription et d’une élite guerrière aristocratique, c’est un modèle qui prédomine, celui du légionnaire, inspiré par les puissants corps d’armée de l’Église, les Ordinatorii, qui restent dans l’esprit collectif comme le summum de la force de frappe dominant les guerres lossyannes. L’autre modèle est aussi celui d’une armée de professionnels qui ne fait que rarement appel à la réquisition ou à l’enrôlement de force, même si cela arrive ; après tout, on ne demande pas toujours d’où vient une recrue, surtout dans la marine ou chez les mercenaires. Pour ceux qui se le demanderaient, très peu de formations militaires sont ouvertes aux femmes dans le monde Concilien, et la seule académie qui leur est réservée est celle de la Lame d’Argent, en Etéocle qui est la plus légendaire Femme d’Épée de tout Loss ; elle n’y forme des combattantes qu’à partir de 17 ans.

Traditionnellement, les bases de l’instruction commencent entre sept et neuf ans. L’enfant reste près de sa famille s’il en a une ; beaucoup d’orphelins sont enrôlés dans les casernes. Il va vivre quelques années d’un travail partiel auprès des vétérans, avec de longues plages de loisirs et de jeux avec ses camarades. Il arrive, surtout dans les compagnies mercenaires, que les enfants suivent les troupes en marche, mais ils ne sont jamais exploités et jouissent de l’habituelle liberté que les lossyans accordent aux enfants de manière pratiquement constante. De leur arrivée dans une caserne à leur 14e année, on leur apprend tous les secrets de l’entretien des armes, des armures et de l’équipement, et on s’assure de la qualité de leurs exercices sportifs. Ils apprennent la lutte et les rudiments du combat armé avec des armes de bois. Ils reçoivent aussi, si c’est possible, une alphabétisation plus ou moins convenable et une éducation sommaire. Les futurs ordinatorii apprennent aussi la vie en communauté et les prémisses de la discipline, la fraternité y est fortement encouragée et ils reçoivent une éducation de qualité, fortement religieuse. Jusqu’à ce qu’ils soient déclarés adultes, à leur 14e année, les futurs légionnaires n’ont vu aucun champ de bataille. Ce n’est pas toujours vrai pour les mercenaires, et encore moins pour les marins. Une fois que le futur soldat est adulte, les choses sérieuses commencent, car sa formation va exiger entre deux et cinq ans, en général.

Pour les compagnies mercenaires et la marine de guerre, cette formation est de courte durée, l’idée est que le soldat apprendra le reste sur le tas. Dès qu’il a passé les 14 ans, il est une recrue et on peut l’envoyer au feu au besoin. Mais il sera néanmoins chapeauté avec quelques autres par un instructeur chargé de lui apprendre le maniement des armes, l’obéissance aux ordres, la discipline et les manœuvres de combat. Le reste du temps, il est corvéable à merci et les seules personnes plus mal traitées que lui dans la hiérarchie de la compagnie ou du navire, ce sont les esclaves. Mais après un an de traitement aussi rigoureux et brutal, le jeune homme est déjà un soldat, rompu aux principes de la guerre et à l’endurance physique et mentale. La seconde année sera nettement moins difficile à supporter et il aura, souvent, déjà participé à au moins une bataille, bien qu’à l’arrière en qualité de soutien et intendance. Il sait néanmoins ce qui l’attend et est parfaitement capable d’assurer son devoir.

Pour les légionnaires les bases de la formation sont beaucoup plus strictes et organisées, mais surtout, celle-ci est bien plus pénible et longue. Chez les Ordinatorii, la formation de base dure 5 ans, pour environ 3 à 4 pour les légions des cités-États. Il s’agit réellement d’un entrainement intense, aussi bien physique qu’intellectuel, dans une discipline particulièrement poussée et impitoyable ; les accidents sont courants, les morts ne sont pas rares, l’endoctrinement est aussi important que la discipline et la formation militaire. Les légionnaires sont poussés à leurs limites, formés au maniement de toutes les armes courantes –surtout le fusil, mais aussi le bouclier, la lance, le sabre ou le glaive large- apprennent à monter un camp retranché en quelques heures, à marcher de jour comme de nuit, en armure et paquetage, sur des centaines de milles, à affronter efficacement les bêtes féroces de Loss, mais surtout à fonctionner en unités comme un seul corps parfaitement coordonné. Si cet enseignement est plus relâché et moins rude selon la mentalité des cités-États et des princes qui financent ces armées, c’est dans l’Ordinatori Hégémonien que la formation est la plus rigoureuse et cruelle. C’est aussi la plus efficace et il n’y a guère que les guerriers de l’Empereur de l’Hemlaris à être réputés plus durement formés encore.

La formation de ce que les lossyans appellent les armées de troupes auxiliaires, c’est-à-dire en gros l’artillerie, les sapeurs et les cavaleries légère et lourde est elle aussi stricts, mais elle ne dure que rarement plus de deux ans. Elle est aussi moins formalisée, mais reste cependant sévère et exigeante. Les cavaliers se considèrent comme une élite et souvent sont issus de l’aristocratie, puisque le cavalier doit fournir son propre cheval. Quant aux artilleurs et aux unités de sapeurs, une partie d’entre eux, surtout dans l’encadrement, sont issus de la formation des génies : ingénieurs miniers et ingénieurs de génie civil, se voyant eux aussi comme une autre élite, intellectuelle, cette fois, dont on n’exige pas la même rigueur dans la formation, qui le plus souvent sera comblée en un an.

Particularités régionales

Terancha : La marine de guerre Teranchen ne se distingue pas de la marine civile et sa structure, y compris à bord, est très familiale. Ainsi donc, même si la formation est rude, elle se fait en famille et il n’est pas rare que sœurs et grand-mères, si elles n’ont pas d’enfant à charge, accompagnent à bord les jeunes hommes et futurs marins, s’occupant de la cuisine et de l’intendance… et de surveiller les gamins ! On retrouve d’ailleurs cela dans l’Imareth, mais à une moindre mesure.

Les Cités-Unies : les Athim’si, les vierges-prêtresses gardiennes des esprits des Ghia-Tonnerre, sont les seules femmes de la civilisation Ar’anthia des Cités-Unies autorisées à se battre. Ce sont des archères redoutables, composant une petite légion de 2500 archers montés, qui protègent les territoires sacrés où paissent les troupeaux nomades.

Armanth : légalement, rien n’interdit à une femme de recevoir une formation militaire, bien qu’elle interdise l’intégration des femmes dans ses équipages navals. Mais Armanth ne forme pas de légionnaires, la garde urbaine des Elegiatorii est fermée au recrutement féminin et les compagnies-mercenaires vont simplement refuser, dans l’immense majorité des cas, d’en entendre parler. Étrange paradoxe, pour la ville qui se prétend la plus ouverte d’esprit de Loss.

L’Hemlaris : depuis que l’Impératrice du Trône de Rubis est en place, une légion entière a été créée, les Guerrières de l’Impératrice, en gros, la garde impériale dédiée à la protection du trône, forte de 3800 femmes. Elle reçoit tellement de candidatures que les épreuves d’entrée y sont redoutablement ardues, autrement plus que l’entrainement coutumier des légions Hemlaris.

Les Neiges-Dragon : les Dragensmanns n’ont aucune armée professionnelle, être guerrier est une fonction qui se rajoute à un autre métier, que ce soit pécheur, fermier, éleveur, etc. On y compte nombre de femmes, pas loin d’un tiers des combattants. Elles quittent traditionnellement ce rôle quand elles ont leur premier enfant.

Les Forestiers de l’Elmerase : comme les Dragensmanns, les Forestiers n’ont pas d’armée et, techniquement, la moitié des Forestiers ont une formation combattante. Les femmes guerrières y sont presque aussi nombreuses que les hommes.

Les Marches de Gennema : les armées gennemons sont pratiquement toutes des légions de cavalerie aussi connues pour leur indiscipline que pour leur efficacité. Mais il n’y a guère que deux ou trois légions constituées d’armée professionnelle, le reste représente des combattants tribaux volontaires qui s’organisent. Les femmes ne sont jamais admises au combat, à une exception près : si une femme bat un guerrier Gennemon devant témoin, elle gagne le droit de porter les armes avec les hommes.

Les légions et la structure militaire

On a causé lois de la guerre, honneur, formation militaire, légions… Mais qu’est-ce qu’une légion dans le monde de Loss, et à quoi ressemble une armée en marche ? Détaillons un peu ci-dessous.

La légion est dans l’esprit lossyan l’unité militaire de base. Dès que deux légions sont réunies pour un objectif commun et autonome, les lossyans parlent d’armée. Une force militaire peut être constituée de plusieurs armées… en fait, c’est très souvent le cas.

Note : historiquement, la plus grande armée jamais réunie le fut pendant la Bataille des Six Drapeaux, puisque la Troisième Armée Hégémonienne comptait pas moins de 21 légions et 8 régiments auxiliaires, pour un total ahurissant de 121 000 soldats !

Une légion est en théorie constituée de 3500 à 6000 fantassins, la moyenne fixée théoriquement est de 5000. On ne compte jamais dans une légion les troupes auxiliaires qui l’accompagnent. Celles-ci sont nommées des régiments d’auxiliaires, et en général comptent entre 800 et 3000 hommes. On compte en général par convention qu’un régiment d’auxiliaires est de 2000 hommes.

Une légion –et cela fonctionne aussi pour les auxiliaires-  se subdivise elle-même en bataillons, comportant 1000 hommes. Un bataillon est lui-même divisé en dix troupes de 100 hommes. La troupe compte deux sections de 50 hommes, formée elle-même de 5 patrouilles de 10 hommes.

Note : Une légion peut selon les régions et cultures contenir tout ou partie de cavaliers, par exemple chez les Gennemons. Pour la tradition militaire de l’Ordinatori, cependant, une véritable légion est faite de fantassins en armure lourde.

grades  militaires

Histoire de répondre par avance à la question des noms et grades dans les armées de Loss, les voici avec leurs correspondances. Ceux de la marine sont indiqués aussi, bien que l’organisation aéronavale soit bien différente, et décrite plus bas.

Unité militaire Infanterie Auxiliaires Marine
Légion (5000)

Régiment (2000)

Commandant Commandant Amiral
Bataillon (1000) Capitaine Capitaine Capitaine
Troupe (100) Lieutenant Lieutenant Enseigne
Section (50) Chef Chef Premier-maitre
Patrouille (10) Sergent Sergent Quartier-maitre

Une légion en marche

Une légion, c’est cinq mille hommes, mais ça ne représente que le cœur de l’armée en marche. Elle est souvent accompagnée de troupes auxiliaires, et doit bénéficier d’une ligne de ravitaillement et d’un service d’intendance. En règle général, pour une légion, il faut compter le double de personnel en troupe auxiliaire et logistique civile. Nous allons détailler un peu le nécessaire à une légion en campagne :

  • L’Avant-garde: l’avant-garde de la plupart des légions est constituée de deux galions lévitant et leur équipage de 250 hommes chacun, canonniers de marine compris.
  • La cavalerie de reconnaissance: une troupe de de 80 à 100 cavaliers légers, dont le rôle est aussi bien la reconnaissance pour pallier à l’avant-garde, que la communication au sein de la légion.
  • Le corps des officiers: selon les armées, le corps des officiers et sa garde (entre 20 et 50 hommes) chevauche au sol avec la légion ou voyage à bord d’un navire lévitant.
  • Les bataillons: ils se déplacent à pied, avec leur barda, et le plus souvent en armure. Une colonne de légion, avec ses 5000 hommes, peut s’étaler sur des milles et ne se déplace jamais très vite, sauf si elle est transportée par voire aéronavale.
  • Les auxiliaires d’artillerie : il s’agit des régiments les plus courants à accompagner une légion, et il s’agit d’une troupe attelée, tirant entre 250 et 300 canons de divers calibres et formats.
  • Le ravitaillement : il est composé de deux parties, la première constituée par une colonne de 100 chariots qui transporte avant tout une partie des provisions, le personnel d’intendance et l’équipement de campagne. La seconde consiste en une dizaine de goélettes légèrement armées chargées de victuailles et de l’équipement lourd. Au total, le ravitaillement représente à peu près 800 personnes.
  • La cavalerie d’escorte : comme celle de reconnaissance, il s’agit d’environ 50 à 80 cavaliers chargés de surveiller le train de ravitaillement et assurer les communications sur toute la légion.
  • L’arrière-garde : l’arrière-garde est, elle aussi, constituée de deux galions lévitant et leur équipage de 250 hommes chacun, canonniers de marine compris.

Et ça nous fait combien au total : eh bien, on parle ici de pas loin de 9000 hommes en marche, des cavaliers et plusieurs centaines d’attelages totalisant environ 1000 animaux, et environ 16 navires lévitant. Bien sûr cet ordre de marche est indicatif : il y a parfois moins de ravitaillement, beaucoup moins de canons, ou encore une légion plus réduite et moins bien escortée… mais cela permet de se faire une petite idée de ce que représente une légion en marche… et non, ce n’est pas que 5000 hommes.

A cette troupe de 9000 hommes s’ajoutent souvent des troupes de glaneurs, saltimbanques, va-nu-pieds, marchand d’esclaves et mercenaires d’occasion venant profiter des bonnes affaires qu’une telle armée en marche peut offrir. Cette économie occasionnelle et parallèle est tolérée malgré les problèmes qu’elle occasionne forcément ; de toute manière, il serait difficile d’empêcher des civils de suivre une armée de près ou de loin. Mais cela peut représenter une caravane supplémentaire de centaines de personnes ! Cependant, contrairement à la coutume en rigueur sur Terre jusqu’à la Renaissance, les familles et p5roches des officiers et soldats ne sont jamais des grandes campagnes. Cette tradition n’existe que dans les compagnies mercenaires, pas dans les légions et leurs troupes auxiliaires.

La flotte aéronavale

On reviendra plus en détail sur les stratégies de guerre lossyannes, mais il est important de parler du rôle majeur que la marine, surtout aéronavale, joue dans la guerre et des moyens logistiques qu’elle exige. Et ce pour nombre de raisons. Au-delà du fait que toutes les cultures de Loss ont peu ou prou un pied dans l’eau et que la plupart sont unies par Les Mers de la Séparation, ce sont les navires lévitant qui changent la donne : ils facilitent toutes les lignes de ravitaillement, sont parfaitement aptes à faire du transport de troupes, sont la meilleure parade au problème de la tumultueuse faune lossyane et, enfin, ils sont capables de prendre d’assaut une cité-État par les airs.

Alors, forcément, face à une telle domination potentielle, il faut pouvoir la contrer. Premièrement, les canons antiaériens, qui sont des bombardes, existent ! Ils ont une cadence de tir assez lente, mais leur puissance de feu les rend très efficaces à courte portée. Un navire lévitant est bien plus fragile qu’un navire classique, car il est toujours plus léger en termes de structure et s’il perd sa lévitation suite à un coup au but ou une avarie, il est condamné. L’autre parade est, bien sûr, l’usage de navires lévitant en défense, ce qui implique l’infrastructure nécessaire à les accueillir.

Les ports pour les navires lévitant

Un truc mainte fois tenté fut de faire atterrir un navire lévitant et, à part la forme et les techniques particulières des navires des sables des Nomades des Franges, cela a toujours été un échec. Il faudrait repenser complètement la physionomie des vaisseaux lévitant, et les rares essais tentés se sont avérés incapables de répondre aux besoins face à la technologie existante. Très vite, ces problèmes techniques et le travers humain du : « pourquoi chercher autre chose, on a toujours fait comme ça » a mené à l’abandon de toute solution alternative au navire lévitant fait pour reposer sur les eaux. Dès lors, pour avoir une défense aéronavale, il faut un port.

Cette nécessité rejoint d’ailleurs celle des routes commerciales de Loss : les cités sont, tant que possible et le plus souvent, bâties près d’un cours d’eau assez large ou d’un lac. Il faut assez de fond pour le tirant d’eau des navires, et quand on parle de vaisseaux de guerre, celui-ci exige une profondeur d’au moins cinq mètres. En soit, la contrainte n’est pas forcément insurmontable, mais elle ne coule pas de source. Ce qui va devenir plus ardu, c’est de bâtir puis fournir en personnel et équipement un port militaire, ses fortifications et défenses, son arsenal, ses chantiers navals, ses dépôts de fourniture et sa garnison. Disposer de quais abrités et des infrastructures pour accueillir des navires lévitant reste accessible et assez commun, mais se doter d’un véritable port militaire demande des moyens que seules les plus riches cités-États peuvent se permettre. Les ports militaires exigent un personnel militaire et civil qualifié conséquent, qu’il faut payer, nourrir, loger et occuper en temps de paix. Et cela peut représenter entre deux et cinq mille personnes. Cela fait beaucoup de monde, qui n’est forcément pas aussi productif qu’un port de commerce et va forcément poser des problèmes de sécurité publique. Par exemple, dans l’Athémaïs, il n’y a que quatre véritables ports militaires, à Samarkin, Armanth, Harrim’dim et Berregi.

Le prix d’une flotte de guerre

Maintenant, parlons coût d’une flotte : une simple caravelle lévitante, non armée, passe de 1000 à 1400 andris d’or. Un galion lévitant de guerre, correctement armé et équipé dépasse les 5500 andris d’or, contre 3600 pour sa version civile ; et on ne parle pas ici du coût de l’équipage. Dans les faits, un galion lévitant équipé, doté de son équipage et armé représente à peu près le même coût que la solde annuelle d’une légion complète. Ce qui donne une idée de l’échelle des prix. Une légion coûte, dans l’absolu, ce double annuel en entretien et fournitures, mais un puissant navire de guerre lévitant reste un investissement majeur qui n’est, et de loin, pas à la portée de tout le monde.

La norme à peu près admise, c’est qu’un tiers des vaisseaux lossyans sont lévitant. Mais ce chiffre tendra à baisser dans la marine de guerre à un pour quatre, à cause des coûts mentionnés. Il faut considérer que les navires lévitant sont le summum des armes de guerre. On ne les déploie pas à la légère et on a tendance à préférer d’autre solution au risque de les exposer et les perdre en cas de bataille. Sans compter, comme on en a parlé plus haut, qu’ils sont toujours plus fragiles, par leur structure et leur conception, que les navires classiques.

Dans une bataille, les navires lévitant ne sont donc jamais exposés en première ligne. S’ils sont un outil très efficace pour l’avant-garde d’une armée en marche et la reconnaissance aérienne, ainsi que pour le soutien, ils se cantonnent à ces rôles la plupart du temps. C’est aux troupes au sol et à l’artillerie qu’est dévolue la tâche guerrière, surtout devant les murs d’une ville. Puisqu’on sait qu’une cité-État qui en a les moyens a forcément une défense faite de bombardes antiaériennes et de navires lévitant, l’initiative est laissée aux moyens d’artillerie, d’armes de siège et d’infanterie. Ce n’est qu’en cas d’éventuel assaut des navires lévitant adverses qu’interviennent les vaisseaux attaquant pour protéger les troupes au sol. La notion de bombardement aérien est peu répandue et peu employée, encore moins l’idée de débarquement de troupes aéroportées. Ainsi, tandis que se mène la bataille au sol, les navires lévitant se battent dans les airs pour en dominer l’espace pour leurs troupes d’infanteries.

Cet équilibre des forces et cette doctrine militaire fonctionnent relativement bien. Celui qui a le plus grand nombre de navires et les emploie le mieux sera celui qui gardera la maitrise du ciel, mais cette maitrise elle-même a une incidence rarement décisive pour la bataille au sol, du moins jusqu’au moment où la ville n’a plus assez de défenses pour empêcher les navires lévitant de venir stationner au-dessus d’elle et s’attaquer à ses structures stratégiques – et aux pauvres civils qui se trouveraient dedans.

Les béhémots

Et puis, il y a les Béhémoths ; ce qui change très vite les règles du jeu. Ils sont si rares qu’on les prend encore pour des légendes, mais plusieurs grandes puissances ont démontré en posséder. Un béhémoth, c’est un navire lévitant géant et blindé, surarmé, hors-norme, c’est un peu comme déployer un dreadnought au milieu d’une bataille de navires de bois. La supériorité de ces armes gigantesques – un béhémoth fait une fois et demie la longueur d’un grand galion – est simplement imparable pour quelques flotte ou armée que ce soit, sans déployer des trésors d’inventivité et de risques majeurs pour contrer ces monstres. Mais, surtout, un béhémoth, même seul, peut attaquer de front une cité-État : sa masse et sa vitesse suffisent pour qu’il perce une muraille, sans même parler de l’usage de ses canons, nombreux et de fort calibre.

Alors, quelle est leur faiblesse ? Ben en fait… leur prix, leur faramineux coût d’entretien et leur rapport coût/efficacité ! Durant la Bataille des Six Drapeaux, deux béhémoths Hégémoniens furent dévastés sans avoir le temps de causer des dommages massifs aux armées coalisées, simplement parce que toutes les forces aéronavales présentes se concentrèrent uniquement sur les deux monstres avec tous les moyens à leur disposition, principalement, dans ce cas, des escadrilles de monteurs de dragens employant des tonneaux de sang de feu pour bombarder leurs ponts. De toute évidence, un béhémoth peut dominer totalement un champ de bataille, mais à la condition d’être très bien employé, ce qui implique qu’il le soit avec une escorte aéronavale pour le protéger. Et pour le moment, le béhémoth est employé avec des doctrines militaires maladroites, son seul réel pouvoir, et non des moindres, est que son apparition à l’horizon face à une flotte adverse ou devant une cité assiégée est une véritable image de terreur susceptible de provoquer une reddition immédiate.

 

 

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