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Que veut dire « garder sa place » ?

Les lossyans parlent souvent de « garder sa place », une notion qui est en lien direct avec les Vertus, et surtout celle de l’Honneur. Le concept est très important pour les lossyans, il frappe aussi bien les hommes que les femmes, les esclaves que les princes. Il sert aussi bien à accuser, qu’à innocenter. Comme c’est un peu étrange pour nos esprits occidentaux du XXIème siècle, on va vous offrir une rapide explication.

L’honneur, c’est le devoir

L’Honneur d’un Lossyan, ce n’est pas que sa parole et sa fidélité à ses principes : c’est son devoir à sa famille, à sa confrérie, à son maitre (au sens large du terme), à sa cité. Un des devoirs les plus important, c’est de veiller sur sa famille, la perpétuer et la protéger. Ce n’est pas pour rien que les Adventores sont vus avec une certaine méfiance : un individu aventurier doit justifier de son mode de vie vagabond qui implique qu’il délaisse à priori sa famille et ses allégeances.

Ce devoir impose aux lossyans un certain nombre d’impératifs, qui font partie des vertus de l’Honneur. Il faut respecter sa famille, lui obéir, lui prêter assistance, assurer les enfants et héritiers de la famille.  La fidélité à une confrérie ou guilde, à laquelle la plupart des lossyans citadins appartient de génération en génération et par corps de métier, impose obéissance, entraide, respect des lois et des coutumes. Il en va de même pour le vassal d’un officier, d’un prêtre ou d’un prince, dont le confort dépend de son maitre, qu’il doit servir en toute fidélité et sans jamais hésiter.

Cet ensemble de devoirs constitue une grande partie de l’Honneur d’un individu ; certains diraient qu’il en est même l’essence, plus que sa fierté à respecter sa parole et sa capacité à assumer la responsabilité de ses actes.

Le rang dans la société

Alors, cela fait quoi, socialement ? Eh bien, que ne pas honorer tous ces devoirs mets en péril l’équilibre de ces concepts très importants socialement, puisqu’ils sont le fondement des rapports sociaux. Un fils qui part à l’aventure et abandonne ses parents, c’est une paire de bras en mains pour assurer le bien-être de la famille. Un jeune officier ambitieux prêt à tout pour gravir les échelons, c’est un homme auquel on ne peut se fier, qui se compromettra forcément et qui peut être corrompu. En gros, un homme qui ne veut pas respecter ses devoirs à la place qu’il occupe dans la société, c’est une source de problème.

Et donc, on commence à saisir le concept de place dans la société : respecter ses devoirs, leur faire Honneur, cela veut dire respecter la place qu’on occupe dans l’ordre social. Et cela fonctionne dans les deux sens : ne pas souhaiter s’élever trop ambitieusement, mais ne pas déshonorer son rang en se comportant de manière inappropriée. Etre un fils révolté et remettre en question l’autorité familiale et celle de sa confrérie, ça ne se fait pas. On peut le tolérer mais à un moment, ça va finir par être inacceptables et avoir des conséquences sociales, donc sur l’Honneur de tout le monde. Dans le même état d’esprit, se montrer trop humble, quand on est un prince est inapproprié ; c’est ne pas faire Honneur à son rang et donc, insulter le rang de sa propre famille. Oui, c’est compliqué.

Garder sa place

Garder la place au sein de la société, dévolue par son rang social et sa naissance, mais aussi par son sens de l’Honneur et du devoir, a aussi des avantages : un maitre-artisan peut boire comme un trou, s’il reste un bon père de famille et un artisan travailleur et compétent, personne n’a le droit de juger qu’il tombe trop souvent dans la bouteille. Tant qu’il accomplit ses devoirs et qu’il tient sa place et son rang, qu’il faut donc honneur aux siens, ce qu’il fait de sa vie privée, ça le regarde.

On évite de s’occuper de la vie privée des gens, tant qu’ils s’acquittent de leurs devoirs et ce même si cela concerne le sexe et les cabrioles. Un officier de légion peut être pédé comme un foc, mais s’il est honorable, courageux, et qu’il tient sa place et ses fonctions, personne ne peut ouvertement jeter l’opprobre sur ses gouts sexuels. Pas mal de lossyans sont homophobes, être un gilly n’est pas simple tous les jours, et il vaut mieux être très discret sur ce sujet. Mais celui qui tient sa place et honore son rang ne peut être jugé sur ses travers si ces derniers n’affectent pas son sens du devoir.

Mais cette notion force aussi chaque individu à rester dans le carcan que la société lui impose. Garder sa place, c’est ce qui force les jeunes femmes à s’effacer devant les hommes et se soumettre à leur autorité. C’est ce qui impose aux enfants de reprendre le métier de leurs parents, et rester près d’eux pour veiller à leurs vieux jours. C’est ce qui rend tout membre de la bourgeoisie des maitres-marchands infect et odieux devant le petit peuple, qui fait que les paysans et les petits artisans se défilent piteusement devant un Ordinatori, etc…

Garder sa place est donc une notion complexe et floue, qui dépend du contexte, aussi bien social que culturel ou géographique. Selon la mentalité des peuples, ce sens du devoir et du rang social sera plus ou moins fort. Il sera exacerbé dans la culture Hemlaris, alors que pour les Dragensmanns, ces concepts resteront très souples. Mais peu ou prou, sauf dans les sociétés exemptes de réelles classes sociales, ce concept, directement lié aux Vertus, se retrouve partout, et tout le monde le comprends et le respecte, même sans l’appliquer. L’ignorer, c’est être infâme ou barbare. Le remettre en cause, c’est la meilleure manière d’être marginalisé, voire de s’attirer de graves ennuis.

Et pour les Adventores ?

Pour garder sa place dans la société, il faut en avoir une qui soit attestée. Elle peut l’être parce qu’on vous connait, vous et votre famille, parce que votre rang fait partie des codes culturels locaux, ou simplement parce que vous l’affichez dans votre apparence et vos manières. Pour les voyageurs et les aventuriers, garder sa place veut dire l’afficher : il faut montrer qui on est pour être respecté pour ce que l’on est. Les lossyans, pour cela, ne sont ni avares en titres, ni en apparats pour montrer quel est leur rang. Mais cela veut aussi dire qu’il peut parfois être un peu ardu de démontrer qui on est et quel est sa place dans la société, forçant les Adventores à une certaine prudence quant à leurs manières d’agir. Un fils de prince de cité peut bien être de l’aristocratie, hors de sa ville natale, il aura du mal à pouvoir se permettre les mêmes choses que chez lui, sans que cela ait des conséquences compliquées.

Dernier avantage des Adventores, ils sont un peu les seuls à pouvoir défier dans une certaine mesure la règle de garder sa place. Un fils de famille pauvre peut aller chercher la richesse et prétendre à plus qu’il n’est censé être selon son rang social, et se forger une nouvelle place plus prestigieuse. Il peut même défier qui est de plus haut rang que lui, à la condition d’avoir le bagout et les moyens de ses prétentions. C’est finalement une partie de ce qui explique l’existence même des Adventores : beaucoup cherchent à améliorer leur existence et échapper à ce carcan sociétal qui, bien qu’admis par tous, n’est pas toujours si facile à supporter.

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