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Les religions à Armanth

Ôtons tout doute, le culte religieux le plus important à Armant est celui de l’Église du Concile Divin et il ne connait guère de concurrents pour lui ravir la place. Et pourtant, à Armanth, de la concurrence, il y en a, on va le voir.

L’Église a dû s’adapter à la cité et sa culture toujours plus libertaire et cohabiter avec les croyances locales de la mer et le culte des ancêtres des Athémaïs. Ce n’est pas un cas rare : nombre d’Églises ont dû faire de même dans toutes les régions des Mers de la Séparation et tolérer des croyances locales pour éviter de soulever les populations locales attachées à leurs cultes anciens. Ce faisant, l’Église d’Armanth en a hérité quelques particularités, dont celle, non des moindres, que la cité n’y a pas de Primarque, seulement des Espiciens et que l’Église ne joue pratiquement aucun rôle officiel dans le gouvernement. Aussi commençons par parler de l’Église et de ses Ordinatorii et son influence au sein de la cité.

1- L’Église

Le pouvoir à Armanth n’aime pas l’Église du Concile Divin. Les autorités religieuses de la cité sainte d’Anqimenès le lui rendent bien, puisqu’Armanth est considérée comme hérétique. Mais la cité-Etat n’échappe cependant pas à la règle constante dans toutes les cultures Conciliennes : la civilisation est indissociable de la présence et de l’influence de l’Église.

Ceci dit, si le Conseil des Pairs autant que la Guilde des Marchands ne cache pas son hostilité à l’Église, c’est avant tout par rivalité philosophique et économique. La plupart des Maitres-marchands sont croyants et prennent les Hauts-Seigneurs du Concile Divin au sérieux ; c’est le pouvoir temporel représenté par les Ordinatorii et leurs temples qui leur déplait. L’aristocratie est elle aussi proche de l’Église et de son pouvoir, par tradition autant que par intérêt ; une partie de la bourgeoisie partageant le même point de vue.

Enfin, le peuple d’Armanth aime l’Église, tout simplement parce que cette dernière y fait son travail : assurer les messes et les rituels, offrir un soutien spirituel, avoir une oreille pour les souffrances du petit peuple. Mais, surtout, l’Église s’occupe des pauvres, des indigents, des orphelins, fournit des refuges, de la nourriture, de l’éducation et même du travail.  Bien entendu, cela lui permet d’assurer un recrutement et, tout aussi important pour l’aspect économique, lui assure un vivier d’esclaves disponible. Mais le fait est que les prêtres et laïcs de l’Église ne font pas tout cela par pur intérêt : aider tous les lossyans et répandre savoir et culture, c’est dans leurs Dogmes et ils croient dur comme fer en cette mission.

Aussi, l’Église a donc un rôle social important et une influence constante sur toute la société armanthienne. Rien d’important ne se décide dans Armanth sans prendre l’avis d’un prêtre et aller chercher une bénédiction des Hauts-Seigneurs du Concile. Et, cependant, cette même Église doit composer avec les autorités de la cité-État, et adapter certains de ses Dogmes qui sont mal vus, voire vivement rejetés par la mentalité libertaire et libérale de la Guilde des Marchands. En gros, chacun des deux camps se tolère autant que possible, dans un compromis difficile et fréquemment remis en question.

Politique de l’Église

L’Église du Concile Divin n’a pas de Primarque (l’équivalent de cardinal) à Armanth. Ce dernier, Julius Sapronus, un hégémonien pur et dur, siège à Samarkin et n’a aucune reconnaissance officielle dans la cité des Maitres-marchands qui lui est interdite, sauf sur invitation exprès de l’Elegio.

Les trois chefs de l’Église d’Armanth sont des Espiciens, à la tête des trois temples principaux de la ville. Chacun règne sur sa congrégation, assez étendue, ainsi que sur des domaines agricoles dans la basse Vallée. Les décisions politiques d’importance sont prises en commun et les Espiciens, réunis, forment la tête de l’autorité de l’Église.

Un point important des Espiciens d’Armanth est qu’ils sont eux-mêmes armanthiens, comme une grande partie de la hiérarchie ecclésiastique. Ils prennent leurs ordres des Prophètes et de leur autorité toute-puissante mais, avant tout, ces grands prêtres ont comme préoccupation principale l’intérêt de la ville. Bien entendu, c’est un intérêt conforme aux Dogmes de l’Église, ce qui implique d’évidentes sources de conflit avec les autorités de la ville. Les libertés données aux intellectuels et aux savants, encore plus aux femmes, la tolérance trop large envers les cultes mineurs et les croyances religieuses différentes, le refus obstiné d’accepter l’autorité sacrée de l’Église et, enfin, la tolérance à peine cachée de la ville pour le trafic et l’étude des Artefacts anciens, forment l’ensemble des sources de rivalité et de mésentente entre Armanth et ses Espiciens.

Encart : petit rappel sur l’Eglise et les sacrifices.

L’Église du Concile Divin ne pratique jamais aucun sacrifice animal ou humain. Sont donnés en offrande de la nourriture, des biens, des richesses, des esclaves roux vivants ou encore du loss-métal, mais l’Église refuse tout sacrifice constituant à tuer un être vivant pour le Concile Divin. Ceci dit, ces événements arrivent, mais sont le fait de laïc exaltés qui risquent fort bien alors la colère implacable de l’Église pour leurs actes.

Les temples & les hospices

Il y a trois principaux temples à Armanth, plus une tripotée de petits temples divers. On peut facilement en compter un à deux par quartiers de la ville, chacun avec son prêtre, ses ordinatorii et son personnel.

Église Adhenius : située sur l’Ile des Églises, il s’agit du grand temple principal de l’Église, où on retrouve pendant les messes les membres les plus conservateurs et traditionnalistes de l’aristocratie d’Armanth. Son dirigeant en est l’Espicien Desio Severro.

Église Rhaashin : sur l’ile à proximité de l’église Adhenius, ce qui explique le nom du quartier « Iles aux Églises », l’église Rhaashin est un des plus anciens et encore debout temples de la ville. Il accueille une académie ecclésiastique, mais qui ne forme pas des Ordinatorii. Son dirigeant en est l’Espicien Arhein Cabatteli.

Église Aquilée : surnommée l’Église des Pauvres, elle est sise dans le quartier de l’Ivori et est de construction assez récente. Ses messes attirent une foule de monde, principalement venus du marché éponyme, ainsi que du voisinage. Il s’y trouve une école d’alphabétisation pour les pauvres ainsi qu’un orphelinat. Son dirigeant en est l’Espicien Amatheo Andromus.

Il y a aussi nombre d’hospices et d’écoles gérées par l’Église. Là aussi, on compte, par temple, au moins un hospice, qui fournit des soins aux plus pauvres et une école qui offre une éducation de base et une alphabétisation aux enfants. Pour les études supérieurs, l’Église n’a qu’une académie à l’église Aquilée.

La Léproserie : la lèpre a beau ne toucher que les personnes qui ne portent pas de symbiote, elle existe bel et bien et elle est très ardue à soigner. Les malades sont stigmatisés et mis au ban de la société. La léproserie d’Armanth est un hospice de l’Église qui prends en charge de son mieux ces malheureux, tout en les isolant.

Les Bûchers : accolés à un temple funéraire, les Bûchers sont le service de crémation rituelle des morts d’Armanth, où travaillent aussi des ouvriers privés. C’est l’Église qui gère cependant ce service, ainsi que celui des sacrements rituels et cérémonies mortuaires.

L’Hospice Blanc : véritable hôpital avec des moyens conséquents, l’Hospice Blanc est géré directement par l’autorité de l’Espicien Amatheo Andromus. C’est un hospice qui accueille beaucoup de malades venus de loin pour s’y faire soigner sous la bénédiction de l’Église. C’est aussi l’hôpital privilégié, en cas de besoin, par l’aristocratie armanthienne.

Le culte d’Aarhim

Armanth a plusieurs Bénis, mais le principal d’entre eux, c’est Juznal Aarhim, qui fait l’objet d’un culte universellement respecté dans toute la cité-État et même au-delà. Aarhim a des fêtes dédiées, des processions et des messes, ainsi qu’un petit temple au sein de l’université d’Armanth.

Homme pieux, navigateur, écrivain, historien, philosophe, géomètre et apothicaire, Juznal Aarhim est considéré comme un parangon du savoir qui a passé sa vie à enseigner, le plus souvent en refusant salaires et dons des puissants, car il souhaitait offrir son savoir au plus grand nombre et n’hésitait pas à donner des cours et des conférences ouvertes à même la rue, installés sur une vieille couverture. Il ne fut jamais, contrairement à certaines légendes, le premier Doyen de l’Aarhim’id, mais participa largement à sa naissance. Il est mort en 902. On lui attribue plusieurs miracles, dont ceux d’avoir appris à lire et écrire à des enfants des rues, des indigents et des sourds-muets en l’espace d’une seule nuit. Sa relique, la couverture qui lui tenait lieu de coussin pour donner ses cours, est conservée dans le petit temple de l’université.

Juznal Aarhim est le saint patron des universitaires et des professeurs, respecté et reconnu dans ce rôle jusqu’en Hégémonie. C’est uniquement parce qu’il est armanthien et profondément lié à la cité qu’il n’a pas encore été élevé au rang d’Alogias par les Prophètes. Cependant, un ordre laïque militant a été créé en suivant les préceptes du Béni, que voici.

L’ordre des Arimidis

Les Arimidis sont un ordre militant dont le siège est au sein de l’université Aarhim’id et qui se consacre à la tâche de rechercher, protéger, financer et soutenir les jeunes gens et les enfants présentant des disposition d’apprentissage remarquable, afin de les encourager à mener jusqu’au bout des études supérieures, dans tous les domaines, y compris, bien sûr, des études religieuses. L’ordre a des succursales (que l’on nomme des conventions, des sortes de havres monastiques) dans tout l’Athémaïs, en général en relation directe avec d’autres grandes écoles, et possède ses propres rituels religieux et ses propres messes. On peut croiser souvent des membres laïques en train de faire la quête dans les rues et places les plus riches de la ville, pour financer leur ordre. Les Arimidis sont très bien vu par le pouvoir d’Armanth et par les plus progressistes des Maitres-marchands et des aristocrates. On compte un total d’environ 500 Arimidis, dont un tiers vit à Armanth. Le chef de l’ordre, au titre de Premier Bailli de l’Ordre des Arimidis, est l’abbé laïc Mussad Berrada.

Le culte des Néréides

Importé de l’Etéocle, passé entre temps par les oracles de Terancha qui professent cette croyance avec persévérance, le culte des Néréides n’a pas de nom en soit, pas plus que d’écrits sacrés ou de dogmes. Il s’agit simplement d’une croyance informelle qui se transmet oralement et passe principalement par des femmes assurant le rôle d’oracle et chargées de tirer de la mer et des animaux qui la peuplent les signes permettant de prédire le destin. Ceci dit, à Armanth, il y a autant d’intercesseurs hommes que femmes à se charger de lire les souhaits et les prédictions qu’apportent les Néréides à travers la course des vagues, des nuages, des bancs de poisson ou des caprices des narvas et autres grands animaux marins.

Les Néréides sont les nymphes de la mer, un ensemble de divinité innombrables, qui vivent au fond des Mers de la Séparation et veillent sur les eaux. C’est elles qui décident des calmes plats et des tempêtes, qui choisissent qui mourra ou survivra à un naufrage et qui, parfois, tendent la main aux mortels ou acceptent de les prévenir des dangers prochains sur les océans et dans les cieux. On connait le nom d’une centaine d’entre elles, mais il est dit qu’il y en a autant que les grands de sable d’une plage.

Les oracles des Néréides n’ont pas un statut religieux permanent. La plupart travaillent, souvent dans des métiers en rapport direct avec la mer. Leur rôle est cependant d’importance. Ils bénissent les enfants des marins et des pécheurs, les coques des nouveaux bateaux et même parfois un canon, une amarre ou encore une simple rame ou même un petit boute, qui deviendront autant de fétiches porteurs de chance pour les marins. La bénédiction s’étend aussi à toute traversée ou campagne de pêche à venir ; bien des armanthiens refuseront de prendre la mer sans qu’un oracle des néréides n’ait consacré le navire prêt au départ aux déesses des mers. Enfin, on consulte les oracles avant de se lancer dans de grands voyages ou de grands projets et il faut souvent patienter avant d’avoir une réponse. Et bien entendu, tous ces services sont payants, même si la règle tacite est de donner simplement ce que l’on peut en fonction de ses moyens.

Il est à noter que le culte des Néréides, en plus de pratiquer le sacrifice animal, pratique aussi le sacrifice d’esclaves, pour certaines bénédictions. C’est en passe de disparaitre totalement et seuls de rares excentriques ou traditionnalistes forcenés sacrifieront une vie humaine, qui représente aussi une perte financière, pour s’assurer les faveurs des déesses des mers. Mais cela arrive encore, même si c’est fort rare.

Les oracles des Néréides ne cachent pas leur fonction et l’Église a beau râler de temps en temps, elle tolère complètement ce culte, même si elle le surveille de près ; on n’est jamais trop prudent. Comme les officiants de ce culte ne lui font pas tellement concurrence, il n’y a presque jamais de problèmes. Même pas quand les oracles des Néréides participent aux festivités de la ville, drapés de leurs atours cérémoniels et de leurs attributs cultuels !

Les cultes saleifs

On le détaille plus tard dans la section consacrée à l’Athémaïs ; les cultes saleifs sont les cultes informels dédiés aux ancêtres, très important à Armanth. Ce culte a lui aussi des officiants, qui sont souvent des membres de l’Église athémaïs, mais ce n’est pas systématique. Les rites saleifs ont pour but d’éloigner les morts sans repos, les morrows, et s’assurer qu’ils ne viennent pas hanter les vivants. Pour cela, nombre de bénédictions et rituels sont pratiqués afin de s’assurer que les esprits des morts s’en retournent aux Etoiles et ne restent pas à errer sur Loss, où ils s’en prendraient forcément aux vivants, soit indirectement, par des malédictions et des implorations aux Moirès du Concile Divin, soit de manière directe, en devenant des fantômes, les morrows.

Les saleifaam, les officiants des rites de protection des morts, jouent un rôle important au sein des familles armanthiennes, puisque c’est vers eux que l’on va quand on souhaite apaiser, rassurer ou simplement honorer les ancêtres. Leur travail reste informel, une sorte de complément religieux à celui de l’Église, mais personne ne songerait à s’en passer. Ce sont eux qui se chargent, une fois les corps des morts incinérés, de participer à la récolte rituelle des os et des cendres, qui sont alors mis en urne. Celles-ci sont conservées dans chaque maison et, quand une famille bâtit une nouvelle demeure ou y emménage, l’urne est scellée dans les fondations ou les murs de la maison familiale. Leur contenu est parfois transvasé dans de grands cinéraires réunissant les restes de tous les défunts. Ce sont alors des objets symboliques très précieux, qui sont la cible de convoitises ardentes dans les guerres familiales et vendettas, pour s’en emparer et faire chanter la famille ciblée. Car perdre les urnes de ces ancêtres est un moyen radical de provoquer leur courroux.

À noter qu’il existe toute une petite congrégation, assez riche d’ailleurs, d’exorcistes des Saleifs, qui a, entre autres, pignon sur rue à Armanth et offre divers services de protection contre les morts en colère et les morrows, parait-il avec une efficacité avérée qui justifie leurs tarifs indécents.

Le chamanisme

Malgré le statut de cette religion qui est pourchassé sans pitié par l’Eglise du Concile Divin, il s’avère qu’il y a bel et bien un chamanisme armanthien. On devrait plutôt dire Argasien, car il concerne surtout la région rurale de la basse Vallée de l’Argas ; les chamans, pour des raisons évidentes, ne sont guère enthousiastes à vivre dans des villes sous l’autorité de l’Église. Ceci dit, il y a bien des chamans à Armanth : ils se cachent derrière la structure du culte des Néréides, où ils apparaissent comme de simples officiants fournissant les services qu’offre cette religion importante pour les Armanthiens.

La couverture est efficace ; les chamans, qui ne sont qu’une poignée, tout au plus quatre ou cinq, vivent parmi la population de manière incognito et sont en relation avec la demi-douzaine de chamans à vivre parmi les villages agricoles et hameaux de pécheurs de la basse Vallée. Très discrets, pratiquement personne n’est réellement au courant de leur existence ; tout au plus sait-on qu’il y a des rebouteux et des oracles capables de faire un peu plus que simplement bénir les enfants, les campagnes de pêche et les bateaux. Ces derniers sont connus pour savoir soigner, aider les paysans et les pécheurs, donner des conseils sages et avisés et c’est tout. Bien sûr, cela reste des chamans, dont les pouvoirs sont bien réels et concrets. Mais ça, les armanthiens n’y prennent guère attention : après tout, pour eux, tous les rites des oracles et officiants des Néréides, comme les services des rebouteux, font partie d’une réalité magique que seuls discutent les esprits les plus cartésiens.

A noter que ces chamans fournissent aussi, dans la mesure de leurs modestes moyens, une forme d’aide, cependant occasionnelle et réduite, pour les Chanteurs de Loss en fuite. Ils ne se dévoilent que rarement pour prêter main-forte et travaillent avec des intermédiaires plus ou moins douteux, pour aider à exfiltrer et faire disparaitre les Chanteurs de Loss pourchassés. Ceci dit, ils ne doivent pas en sauver plus d’un par an, environ.

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